En France, près d’un quart des femmes en couple ont déjà été exposées à des violences économiques. Ce contrôle financier, exercé par un conjoint, prive les victimes d’autonomie et les enferme dans une dépendance qui alimente les autres formes de violences.
Violences économiques : 1 femme sur 5 en couple n’a pas de compte bancaire
Les disparités économiques, un terreau fertile pour les violences
En cette Journée internationale pour l'élimination des violences faites aux femmes, célébrée chaque année le 25 novembre, un sondage IFOP pour le Crédit Mutuel Alliance Fédérale et la Fédération Nationale Solidarité Femmes fait la lumière sur une forme de violences conjugales encore peu présente dans le débat public : les violences économiques. Dans ce sondage on apprend que 23% des femmes en couple ne disposent pas de compte bancaire personnel, et 32% n’ont aucune source de revenus indépendante de leur conjoint. Ces chiffres traduisent une perte d’autonomie préoccupante.
Cette dépendance économique a de lourdes conséquences : 40% des femmes en couple déclarent qu’elles ne pourraient pas assumer seules un loyer si elles devaient quitter leur foyer. Ce chiffre grimpe à 44% si aucune aide extérieure n’est disponible. Ces données montrent comment l’absence d’indépendance financière peut empêcher les victimes de fuir un conjoint violent. Par ailleurs, ces disparités renforcent l’emprise des agresseurs, rendant encore plus difficile toute tentative de départ.
Les violences économiques et les autres formes de violences faits aux femmes sont liées
Les violences économiques se manifestent de diverses manières, allant du contrôle des finances au vol pur et simple. Une femme sur dix déclare subir une surveillance financière directe par son conjoint. Ces pratiques incluent le détournement des revenus destinés au ménage ou aux enfants, plongeant 58% des victimes dans l’impossibilité de couvrir leurs besoins fondamentaux, notamment parmi les jeunes femmes, les mères célibataires et les locataires.
En outre, ces violences ont un impact sur les opportunités professionnelles des victimes. De nombreuses femmes renoncent à des promotions ou modifient leurs horaires pour s’occuper des enfants, un sacrifice qui alimente davantage leur précarité. L’étude montre également que 72% des femmes victimes de violences économiques subissent simultanément des violences verbales ou physiques, soulignant l’interconnexion de ces abus.
Pour échapper à l’emprise de leur conjoint, 41% des femmes cherchent une aide extérieure, que ce soit auprès d’associations ou de proches. Cependant, le manque d’autonomie financière reste l’un des principaux obstacles à leur départ. La majorité des victimes (82%) considèrent d’ailleurs que les banques pourraient jouer un rôle clé en facilitant l’ouverture de comptes personnels ou en proposant des programmes de protection des revenus. Ces mesures, couplées à des actions de sensibilisation, pourraient offrir un soutien crucial aux victimes.