Depuis la COP 21 à Paris, le langage utilisé dans les discussions climatiques a considérablement évolué. À l'approche de la COP 29 qui se déroule à Bakou du 11 au 22 novembre 2024, une analyse de Babbel met en lumière les changements majeurs qui ont eu lieu dans la manière de s'exprimer sur les questions environnementales. Ces transformations linguistiques, révélatrices d'une montée des préoccupations climatiques, invitent à une urgent appel à l'action collective.
Une intensité croissante dans les discours
D’après la récente analyse menée par Babbel, il est intéressant d’observer comment, depuis la COP 21, le ton des discours d’ouverture des Secrétaires Généraux de l’ONU a pris une tournure alarmiste. En 2015, lors des négociations à Paris, l’objectif affiché était de limiter le réchauffement climatique à 2°C. Cependant, cette préoccupation s'est intensifiée au fil des ans. Ban Ki-moon et son successeur António Guterres ont utilisé des métaphores puissantes telles que "planète en feu" ou "tuyau d'incendie de combustibles fossiles" pour signifier l'urgence d'agir. Guterres a même introduit le concept de "compte à rebours final", marquant une apothéose dans la dramatisation du discours.
Cette évolution s'accompagne d'un vocabulaire de plus en plus fort. Des expressions telles que "tic-tac de l’horloge" et "battre le compte à rebours des 1,5 degré" fournissent une image claire de l’urgence climatique actuelle. L'emphase mise sur la rapidité des actions nécessaires souligne l'importance d'une mobilisation collective et immédiate face aux défis environnementaux.
Un changement vers la justice climatique
La notion de "responsabilité collective" promue par les premiers discours des COP a progressivement fait place à un appel plus pressant pour une "justice climatique". En 2015-2016, les leaders mondiaux mettaient l'accent sur la nécessité d'une coopération internationale et d'actions concrètes, tels que le financement climatique et la transition énergétique. Ces mentions laissaient sous-entendre que chaque pays avait un rôle à jouer dans la lutte contre le réchauffement climatique.
Cependant, cette rhétorique a évolué depuis 2017. Guterres a commencé à mettre l'accent sur l'équité et la solidarité, appelant spécifiquement à répondre à la crise avec une approche de justice climatique. En 2024, lors de la COP 29, ce changement est devenu encore plus explicite, abordant les concepts de responsabilités différenciées et de pollueur-payeur, tout en dénonçant l’écoblanchiment.
La technicalité au service de l'action concrète
Au fil des années, la tendance a été de rendre le discours climatique de plus en plus technique. À partir de 2018, des termes tels que "neutralité carbone", "transition juste" et "financement climatique" se sont intégrés dans les discours. Ce tournant marque une prise de conscience croissante des défis économiques et financiers auxquels le monde est confronté. Les discussions portent désormais sur des solutions concrètes, témoignant d’une volonté de s'attaquer aux obstacles qui freinent la transition énergétique.
L'intégration de notions telles que la "transition juste" vise à garantir que les pays les plus vulnérables ne soient pas laissés pour compte, un aspect crucial pour maintenir l'équilibre et éviter d’aggraver les inégalités mondiales. Cette approche technique ouvre la voie à une compréhension partagée des enjeux économiques et environnementaux, en facilitant les actions concertées.
Conclusion : un discours moral pour agir
L'analyse de Babbel révèle non seulement une évolution du langage climatique, mais aussi un appel moral désespéré qui devient de plus en plus prégnant dans les discours des dirigeants. La nécessité de coopération internationale est constante, mais l’urgence et le ton désespéré augmentent. Les phrases frappantes, telles que "nous sommes en train de creuser notre propre tombe", mettent en lumière l'importance cruciale d’une action collective immédiate.
En adoptant un langage de plus en plus direct et percutant, la communauté internationale tente d'inspirer une mobilisation à la hauteur des défis climatiques. La survie de nos écosystèmes et des générations futures dépend en grande partie de la capacité des leaders à agir avec responsabilité et urgence face à cette crise inédite.
```