L’avenir de la RSE est-il en danger ?

Dans un contexte économique marqué par des incertitudes et une pression accrue sur les budgets, il est légitime de se poser la question : l’avenir de la Responsabilité Sociétale des Entreprises (RSE) est-il en danger ?

Soudee Olivier
Par Olivier Soudée Publié le 25 novembre 2024 à 5h00
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85%En 2015, plus de 85% des entreprises étaient évaluées pour la première fois en RSE
Derrière ce questionnement, deux préoccupations majeures se dessinent. La première concerne les budgets alloués à la RSE, de plus en plus sous pression en raison du ralentissement économique. La seconde touche à la fonction même de la RSE au sein des entreprises, qui semble, pour certains, perdre de son impact et de sa visibilité.

Le ralentissement des budgets : un frein à la RSE ?

Les entreprises sont aujourd’hui confrontées à une révision drastique de leurs priorités financières, avec des ajustements souvent sévères. Les budgets RSE, souvent perçus comme non essentiels dans un contexte de crise ou de réduction des coûts, subissent des coupes qui rendent difficile le financement de projets à long terme. Les équipes RSE se voient ainsi contraintes de jongler avec des ressources limitées, ce qui peut conduire à un éparpillement des initiatives et à une difficulté à maintenir une cohérence dans l’engagement sociétal de l’entreprise.
Il est frappant de constater que, dans ce contexte, certains services RSE, au lieu d’être soutenus, sont considérés comme des postes à éliminer ou des dépenses secondaires. De plus en plus, les responsables RSE se retrouvent avec des budgets qui ne correspondent pas à la complexité des missions qui leur sont assignées, ce qui rend difficile la mise en œuvre de stratégies pérennes et impactantes.

L’évolution de la fonction RSE : entre visibilité et réelles transformations

Le rôle du responsable RSE dans l’entreprise semble également évoluer, voire se diluer dans certains cas. Bien que la fonction de la RSE soit plus que jamais nécessaire pour répondre aux défis environnementaux et sociaux actuels, elle peine parfois à se maintenir au centre des préoccupations stratégiques. Beaucoup d’entreprises attribuent désormais des budgets de RSE limités, voire réduits à des actions ponctuelles ou symboliques. Dans certains cas, la fonction RSE est réduite à un faire-valoir, un élément de communication plus que d'action.
Cette perception pose la question de la véritable transformation vers un avenir durable. Le véritable enjeu réside dans la capacité de la RSE à être un moteur de changement en interne. Or, force est de constater que l'intégration des équipes et des collaborateurs dans des projets RSE est souvent un défi. La réglementation est souvent perçue comme une contrainte plutôt qu’une opportunité, et l'on peine à embarquer les collaborateurs sur des enjeux à long terme. Les initiatives RSE sont parfois vues comme trop complexes ou trop éloignées des réalités du terrain.

Repenser la RSE : un changement de paradigme nécessaire

Pour que la RSE reste un levier stratégique et non un simple sujet de communication, il est essentiel que les entreprises repensent la manière dont elles l'intègrent dans leurs pratiques. Cela nécessite un véritable changement de culture et une volonté de faire évoluer les mentalités à tous les niveaux. La RSE ne doit pas être perçue comme une contrainte administrative ou un simple “nice to have”, mais comme une véritable opportunité de transformation, tant pour l’entreprise que pour la société.
Le rôle des responsables RSE doit également être redéfini. Ceux-ci doivent être armés pour dépasser les obstacles administratifs et les contraintes budgétaires, et parvenir à démontrer la valeur ajoutée de la RSE dans un cadre plus large, celui de la création de valeur durable à long terme. Cela nécessite un investissement plus fort dans la formation des équipes, une meilleure collaboration inter-départementale et une stratégie plus systématique qui va au-delà de l’initiative ponctuelle.
En conclusion, l’avenir de la RSE n’est pas nécessairement en danger, mais il dépend de notre capacité collective à repenser la manière dont nous abordons cette fonction. Si les budgets se resserrent, il appartient aux entreprises de trouver de nouveaux moyens d’intégrer la RSE dans leur ADN et de donner à cette fonction toute la légitimité et les ressources nécessaires pour jouer son rôle de transformation durable. C’est un défi de taille, mais essentiel pour répondre aux enjeux écologiques, sociaux et économiques du monde de demain.
Soudee Olivier

Olivier Soudée, CEO et co-fondateur d’Haliro

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