Fruits préférés des Français, les bananes sont au cœur d’une nouvelle tempête. Inflation, réchauffement climatique et crises logistiques menacent leur prix abordable. Alors que leur consommation bat des records en France, tout cela pourrait bientôt se répercuter sur le porte-monnaie des ménages.
Banane : alerte ! Son prix risque de flamber !
La banane : un fruit menacé par le climat et la logistique
Depuis 2023, la banane a détrôné la pomme comme fruit préféré des Français, atteignant 750 000 tonnes consommées par an. Son prix moyen, maintenu autour de 1,86 €/kg (+7 % depuis 2020), a largement contribué à sa popularité. Pourtant, cette stabilité est fragile. Entre coûts logistiques et défis environnementaux, la filière peine à maintenir ces prix accessibles.
L’inflation touche en effet toute la chaîne de production : du transport, ralenti par les faibles niveaux d’eau au canal de Panama, aux intrants agricoles dont les prix explosent depuis 2020. Résultat, certains producteurs en Équateur, le premier fournisseur européen, ont déjà abandonné la banane au profit d’autres cultures.
La production mondiale de bananes, concentrée dans les zones tropicales, est directement impactée par les aléas climatiques. Sécheresse en Afrique, ouragans en Amérique centrale et précipitations erratiques dans les Antilles perturbent lourdement les récoltes. Le transport, un autre maillon clé, est également sous pression. Les retards causés par le détour des cargos via le cap de Bonne-Espérance ajoutent des coûts supplémentaires.
En Europe, la dépendance vis-à-vis des importations africaines et latino-américaines (respectivement 42 % et 39 %) n'aide pas. Même les producteurs locaux des Antilles, pourtant proches, peinent à répondre à la demande croissante, ce qui complique l’équation.
À votre avis, qui paiera la facture ?
Pour éviter une flambée des prix durable, la filière mise sur l’innovation. Les scientifiques tentent de créer de nouvelles variétés de bananes capables de résister aux maladies et au changement climatique. Mais l’effort est colossal. « Avec seulement une vingtaine de généticiens travaillant sur ce sujet à travers le monde, les progrès sont lents », explique François-Xavier Côte, chercheur au Cirad.
Des pratiques agricoles plus respectueuses de l’environnement, comme l’utilisation de couverts végétaux et la réduction des herbicides, se développent. Cependant, ces avancées ont un coût. Chaque kilo pourrait nécessiter un investissement supplémentaire de 10 à 20 centimes, une charge difficile à répartir équitablement.
La question numéro un reste celle du financement. Jusqu’à présent, ce sont surtout les petits producteurs qui absorbent ces coûts croissants. Philippe Pons, président de l’AIB, appelle à une responsabilité partagée : « Il faut un engagement collectif tout au long de la chaîne, des producteurs aux distributeurs. » Certains avancent déjà des pistes comme l’acceptation de fruits aux « défauts visuels », une stratégie testée avec succès en Espagne.
Malgré tout, un équilibre semble encore loin. Les consommateurs devront peut-être accepter des hausses de prix pour préserver l’accessibilité de ce fruit adoré et indispensable.