Alors que 69 % des Français constatent une dégradation alarmante de leur accès aux soins et que près de la moitié renoncent à se soigner pour des raisons économiques ou organisationnelles, une fracture sanitaire béante divise le pays. Entre déserts médicaux, dépassements d’honoraires exorbitants et inégalités sociales criantes, l’inaction des pouvoirs publics alimente une crise sans précédent. Comment en est-on arrivé là ? Et surtout, quelles solutions pour réparer un système qui laisse tant de citoyens sur le bord du chemin ?
Accès aux soins : 69 % des Français abandonnés par le système
L’aggravation de la fracture sanitaire : une urgence sociale
Selon une enquête récente menée par l’UFC-Que Choisir, 69 % des Français estiment que leur accès aux soins s’est détérioré au cours de la dernière année. Ce constat met en lumière une crise sanitaire où les inégalités sociales et géographiques exacerbent les difficultés d’accès aux soins. Les données montrent que 45 % des répondants ont renoncé à des soins médicaux, faute de rendez-vous disponibles ou en raison de dépassements d’honoraires inabordables. Cette problématique soulève d'importantes questions sur les responsabilités des politiques publiques face à ce qu’on peut désormais qualifier de fracture sanitaire.
L’enquête dévoile que cette fracture est intimement liée à des disparités sociales. Parmi les personnes ayant un revenu annuel inférieur à 24 000 euros, près de 19 % se déclarent en mauvaise santé, comparativement à seulement 9 % chez les plus aisés (revenus supérieurs à 48 000 euros). De plus, 42 % des individus modestes souffrent de maladies chroniques, contre 34 % dans les classes socio-économiques supérieures. Cette inégalité, qualifiée de « triple peine » par Marie-Amandine Stévenin, présidente de l’UFC-Que Choisir, résulte de barrières économiques, sociales et géographiques cumulatives.
Le besoin d’une régulation urgente
Un autre fait marquant de l’étude réside dans le soutien massif (93 %) des Français à la régulation de l’installation des médecins. Cette mesure, bien qu’essentielle selon les experts, n’a pas encore été adoptée par les gouvernements successifs. Pourtant, des exemples internationaux, comme en Allemagne, démontrent l’efficacité d’une planification des zones médicales basées sur des critères comme la démographie et les besoins en santé. En France, certains secteurs déjà régulés, comme les infirmiers libéraux, offrent un modèle fonctionnel pour une application plus large.
Données chiffrées clés | Chiffres |
---|---|
Français ayant renoncé aux soins | 45 % |
Soutien à la régulation médicale | 93 % |
Malades chroniques (revenus modestes) | 42 % |
Malades chroniques (revenus élevés) | 34 % |
Malgré ces constats accablants, les mesures gouvernementales continuent de privilégier des incitations à l’installation volontaire des médecins, souvent inefficaces. Les professionnels de santé, attirés par des zones surdotées, laissent de vastes territoires en carence. Par ailleurs, 83 % des citoyens résident dans ce que l’on appelle des déserts médicauxpour au moins une spécialité essentielle, tels que les généralistes ou ophtalmologues.
L’UFC-Que Choisir a donc intenté un recours auprès du Conseil d’État, dénonçant l’inaction de l’État. Soutenu par plus de 130 000 signataires, ce recours pourrait inciter des réformes urgentes, notamment l’instauration d’un conventionnement territorial plus contraignant.
Des solutions immédiates à mettre en œuvre
Pour pallier cette fracture, l’UFC-Que Choisir propose deux mesures phares :
- Le conventionnement territorial obligatoire pour empêcher les installations excessives dans les zones déjà bien dotées. Cela garantirait une répartition plus équitable des professionnels.
- La limitation des secteurs à honoraires libres (secteur 2) pour freiner les dépassements d’honoraires, qui constituent une barrière économique majeure.
Ces solutions, déjà expérimentées dans d’autres domaines ou pays, permettraient une réduction significative des inégalités.