Ukraine : la Russie se prépare-t-elle à une guerre nucléaire avec des mini bunkers ?

Une solution face à l’incertitude mondiale ?

Depuis le 19 novembre 2024, la Russie a entamé la production en série de refuges antiatomiques mobiles, baptisés « KUB-M ». Ces abris, conçus par l’Institut de recherche du ministère des Situations d’urgence russe, répondent aux multiples dangers que pose le contexte géopolitique actuel. Ces structures peuvent abriter jusqu'à 54 personnes, offrant une autonomie de 48 heures en cas d’attaque nucléaire, chimique ou conventionnelle.
Capables de résister aux radiations, aux débris et aux incendies, ces abris fonctionnent comme des conteneurs renforcés. Chaque unité est divisée en deux modules : l’un technique, dédié aux équipements de survie, et l’autre aménagé pour héberger les occupants. De plus, leur transportabilité permet une utilisation même dans les régions reculées de Russie, comme le nord glacial soumis au permafrost.

L'annonce de la production de ces abris intervient à un moment bien particulier. La Russie, en pleine guerre en Ukraine, a réagi à l’autorisation par les États-Unis et son président Joe Biden à Kiev de tirer des missiles à longue portée Atacms. De quelle manière ? Vladimir Poutine vient de signer un décret élargissant les conditions de recours à l’arme nucléaire.
« Il était nécessaire d’adapter nos fondements à la situation actuelle », a déclaré Dmitri Peskov, porte-parole du Kremlin. Bien que les autorités russes se gardent de relier explicitement ces abris au conflit, le timing ne laisse guère de place au doute.

Russie : des abris accessibles mais coûteux

Sur le plan technique, ces abris se veulent fonctionnels et économiques par rapport aux installations fixes. Le coût d’un KUB-M avoisine 38 millions de roubles (environ 350 000 euros), soit près de deux fois moins cher que des bunkers traditionnels, selon l’agence RIA Novoski. Cependant, la fabrication d’une unité nécessite jusqu’à 240 jours ouvrables, ce qui pourrait limiter leur disponibilité à grande échelle.
Depuis le début de la guerre en Ukraine, les demandes pour des structures similaires explosent en Europe, notamment en France. « Cela avait commencé pendant la crise du Covid, mais la guerre a agi comme un détonateur, les demandes viennent de toute la France », rapportait un fabricant d’abris français en 2022.

La production des abris KUB-M ne répond pas uniquement à des impératifs de sécurité : elle envoie également un message politique fort. En misant sur ces structures, la Russie affirme se préparer à tout, y compris à l’impensable. Ces refuges, présentés comme multifonctionnels, sont une nouvelle tentative de démonstration de force face aux alliés occidentaux.
Mais la Russie se prépare-t-elle réellement à un conflit nucléaire ? Ou cette initiative vise-t-elle à intimider ses adversaires ? Quoi qu’il en soit, l'existence de ces abris renforce l'idée que le spectre de la guerre nucléaire est une menace prise très au sérieux par le Kremlin.