Le 19 novembre 2024, une proposition de loi déposée à l’Assemblée nationale promet de transformer en profondeur le métier d’infirmière en France. Présentée par Frédéric Valletoux, député Horizons et ancien ministre de la Santé, et Nicole Dubré-Chirat, députée EPR, cette initiative entend répondre aux défis croissants du système de santé, notamment la désertification médicale et le vieillissement de la population.
Décryptage : comment la réforme des infirmières va transformer le système de santé
Un texte de loi attendu, mais controversé
Ce texte, qualifié de « tournant essentiel pour la profession » par le Syndicat national des infirmiers et infirmières libéraux (Sniil), s'attaque à une redéfinition de la profession d'infirmier d'État. L'objectif est clair : reconnaître l'expertise et les compétences élargies des infirmiers pour mieux répondre aux besoins des patients. Cependant, cette réforme n'est pas sans susciter des débats, particulièrement dans les rangs des médecins, souvent réticents à déléguer davantage de responsabilités.
Quatre missions socles pour un rôle élargi
La proposition de loi établit quatre missions principales pour les infirmiers :
- Soins curatifs, palliatifs et relationnels, avec une attention particulière à la surveillance clinique et à leur évaluation.
- Suivi du parcours de santé, visant à garantir une prise en charge continue et coordonnée.
- Prévention, en renforçant les actions éducatives auprès des patients.
- Formation des pairs, pour accompagner l'évolution des pratiques professionnelles.
Ces nouvelles prérogatives s'accompagnent de deux notions inédites : la « consultation infirmière » et le « diagnostic infirmier », des termes jusqu'alors réservés aux médecins et sages-femmes.
Prescription et pratique avancée : une révolution en marche
L'un des points cruciaux de la réforme est la possibilité pour les infirmiers de prescrire des produits de santé et des examens complémentaires nécessaires à l'exercice de leur profession. Une liste des prescriptions autorisées sera établie par arrêté ministériel, en consultation avec l'Académie nationale de médecine. Ce changement vise à sécuriser l'exercice des infirmiers tout en leur offrant une plus grande autonomie.
Par ailleurs, la loi propose d'étendre les champs d'intervention des infirmiers en pratique avancée (IPA). En plus des hôpitaux et des cabinets libéraux, ces professionnels pourront désormais exercer dans trois nouveaux domaines : la protection maternelle et infantile (PMI), la santé scolaire et l'aide sociale à l'enfance. Ces initiatives visent à pallier les carences en personnel dans ces secteurs critiques.
Les réactions des acteurs de santé
Si les infirmiers saluent largement cette réforme, les avis divergent chez les autres professionnels de santé. Les médecins, en particulier, s'inquiètent d'une dilution des responsabilités médicales. Le Conseil national de l'Ordre des médecins appelle à une concertation approfondie pour éviter tout conflit d'intérêts entre les professions.
Avec plus de 600 000 infirmiers en France, dont 135 000 en exercice libéral, cette réforme entend répondre à une double urgence : faciliter l'accès aux soins dans les zones sous-dotées et alléger la charge de travail des médecins. Ces évolutions s'inscrivent dans une stratégie plus large de modernisation du système de santé français, portée par le gouvernement.
Aspect | Situation actuelle | Changements proposés |
---|---|---|
Missions des infirmiers | Soins et assistance ponctuelle | Soins, prévention, diagnostic |
Prescription | Limitée aux dispositifs médicaux | Extension aux produits de santé |
Pratique avancée | Restreinte à certains hôpitaux | Intégration des PMI et santé scolaire |
La réforme soulève des questions cruciales : comment garantir une transition fluide sans heurter les équilibres professionnels ? Quels mécanismes seront mis en place pour évaluer son impact sur la qualité des soins ? Ces interrogations nécessitent des réponses claires pour rassurer toutes les parties prenantes.