Alors que les associations de patients dénoncent les risques pour les malades les plus fragiles, la nouvelle version du décret sur le transport sanitaire, qui sera partagé, fixe un délai maximal d’attente à 45 minutes, révèle Franceinfo.
Santé : vous attendrez 45 minutes votre transport partagé
Transports sanitaires : le détour maximum sera de 10 km par passager
Les ambulances et taxis conventionnés seront bien partagés pour maîtriser les dépenses de l'Assurance maladie, en quête d’économies en ce moment, mais le délai d’attente maximum sera limité, a appris Franceinfo. La nouvelle version du projet de décret sur le partage des transports sanitaires, que ce média a pu consulter le 19 novembre 2024, est en effet dotée d’une précision essentielle : le délai d'attente maximal pour les patients, avant et après leurs soins, est fixé à 45 minutes.
Depuis son vote à l'automne 2023, cette réforme suscite une vive opposition, notamment de la part des associations de malades. Les patients immunodéprimés, sous chimiothérapie ou dialyse doivent désormais partager leurs trajets, malgré les risques accrus de contamination. D’après ce projet de décret, un détour individuel de 10 km est permis par passager, avec une limite totale de 30 km par trajet partagé.
Cette réforme, initialement motivée par l’explosion des coûts du transport sanitaire, estimés à 6 milliards d’euros en 2022 (+7% par rapport à 2021), n’a fait qu’exacerber les inquiétudes. Les demandes répétées des associations pour exclure les malades les plus fragiles ont été ignorées, en dépit des déclarations rassurantes du ministre de l’époque, Frédéric Valletoux, au printemps 2024. L’absence de mesures barrière obligatoires, comme le port du masque dans les véhicules, reste un point sensible, aggravant le sentiment d’insécurité des usagers concernés.
Vous souhaitez un transport individuel ? Il faudra payer
Avec cette nouvelle version du décret, le gouvernement espère répondre aux critiques liées à l’imprécision initiale du texte, notamment sur la notion de « délai raisonnable ». Toutefois, cette précision temporelle n'efface pas les autres problèmes structurels. À Paris, où le trafic peut transformer un trajet de 10 kilomètres en une épreuve interminable, les représentants des patients jugent ces mesures inadéquates. « Il faut raisonner en temps, pas en kilomètres », plaide Alain Olympie, de l'AP-HP, qui pointe également l'impact psychologique et physique de ces trajets prolongés sur des malades souvent déjà affaiblis.
Néanmoins, La possibilité de refuser un transport partagé restera, mais elle implique soit une dérogation médicale (conséquences néfastes en cas de contamination, ce qui est le cas des personnes immunodéprimées par exemple), soit des frais supplémentaires pour le patient. Le projet de décret doit être présenté à la Caisse nationale d'Assurance maladie début décembre 2024.