Quand l'agence de notation Standard & Poor's publie un étude sur la France, c'est toujours avec le risque de dégrader à nouveau la note nationale. C'est du moins le sentiment de nos politiques depuis que l'agence américaine nous a enlevé notre AAA en janvier 2012.
Dans la note rendue publique mercredi, pas d'abaissement de la note mais une sérieuse analyse, pessimiste, sur les conditions d'une reprise durable en France. Pour faire simple, S&P n'y croit pas. Et les analystes de l'agence sont sévères en la matière. Une note qui vient fortement contredire le gouvernement qui clame, à qui veut l'entendre, depuis quelques semaines que "la reprise est là".
Pas de conditions pour une reprise durable en France
Evidemment, les experts de l'agence de notation reconnaissent que l'économie française est officiellement sortie de récession au deuxième trimestre 2013, avec une croissance de 0,5 % après notamment "huit trimestres de stagnation ou de baisse", mais ils affirment toutefois que "les conditions d'une reprise durable ne sont pas encore réunies".
Ainsi, pour S&P, il faut relativiser le regain de croissance de la France, lors du printemps dernier. Pour l'agence de notation, ce regain s'explique avant tout par une demande publique plus importante alors que la demande privée est restée inexistante. De plus, les experts affirment que les données récentes à leur disposition sembleraient indiquer un ralentissement du mouvement de la reprise entamée au second trimestre.
La fiscalité française pèse sur les ménages et les entreprises
Cette amélioration, la vraie, prendra du temps pour Standard & Poor's. A commencer par la situation de la consommation des ménages, qui ne devrait progresser que de 0,4 % sur l'année 2013 en raison de la fiscalité qui pèse sur leur pouvoir d'achat et ne devrait véritablement s'améliorer qu'en 2015, si la pression fiscale se stabilise.
Même topo côté entreprises. L'agence de notation rappelle que leurs marges sont tombées à 28,2 % au second trimestre 2013, le niveau le plus bas depuis 1985, et alors qu'elles ne cessent de se détériorer depuis 2007. C'est le même son de cloche pour les investissements qui devraient progresser de 1,8 % en 2014 après une chute de 2 % en 2013, et avant d'accélérer la cadence en 2015 avec 4 %, selon les prévisions de l'agence. Mais là encore, cela ne se fera qu'avec une stabilisation de la fiscalité.