Après des années marquées par des augmentations significatives des salaires, les prévisions pour 2025 révèlent une nette inflexion. Selon le cabinet Mercer, spécialisé dans les enquêtes sur les rémunérations, le budget moyen consacré aux augmentations salariales devrait s’établir à 3 %, contre 4 % en 2024 et 4,95 % en 2023. Cette baisse s’explique par plusieurs facteurs, notamment une inflation modérée, estimée à 1,6 %, et un environnement économique toujours incertain.
Salaire : pas de fortes hausses en 2025, vous êtes prévenus !
Dans ce contexte, les entreprises revoient leurs priorités. Si toutes déclarent allouer un budget pour des augmentations de salaire, ces dernières ne concerneront pas nécessairement l’ensemble des salariés. Environ 20 % des employeurs interrogés dans le cadre de l’enquête « Total Remuneration Survey » n'ont pas encore décidé de la répartition exacte de ces hausses, tandis que près de la moitié privilégient désormais des augmentations ciblées, basées sur la performance individuelle ou la stratégie de rétention des talents.
Salaire en 2025 : la prudence domine face aux incertitudes économiques
L’année 2025 s’annonce sous le signe de la retenue. Les hausses collectives, souvent négociées dans le cadre des Négociations Annuelles Obligatoires (NAO), semblent en perte de vitesse. Les entreprises se concentrent sur les collaborateurs occupant des postes stratégiques ou sur ceux dont les performances ont un impact direct sur les résultats.
Les secteurs industriels et technologiques, particulièrement touchés par la pénurie de main-d'œuvre qualifiée, continuent toutefois d'offrir des hausses compétitives. Les métiers liés à l’ingénierie, à la production ou aux ventes restent des priorités pour maintenir une attractivité suffisante. Les entreprises opérant dans des secteurs moins tendus, comme les biens de consommation ou la distribution, adoptent une approche plus prudente, souvent en compensant des budgets réduits par des avantages non financiers. « La dernière enquête de Mercer sur les Négociations Annuelles Obligatoires (NAO) 2024-2025, basée sur un panel de 130 entreprises (au 31 octobre 2024), donne une estimation de 2,8% d’augmentation en moyenne en 2025. »
Un recrutement au ralenti et des priorités redéfinies
Les perspectives en matière de recrutement suivent une tendance similaire. En 2023, plus d’un tiers des entreprises prévoyaient d’augmenter leurs effectifs. Pour 2025, ce chiffre tombe à 20 %. En parallèle, une minorité croissante d’entreprises envisagent de réduire leurs effectifs, bien que cette proportion reste limitée. « De plus, contrairement à 2024, Mercer constate une hausse du nombre d'entreprises qui envisagent de réduire leurs effectifs en 2025, en raison des incertitudes économiques. Ce taux (1 entreprise sur 10) reste largement supérieur à celui de 2023 » écrit Mercer.
Face à ces restrictions, les employeurs misent davantage sur des mesures indirectes pour maintenir leur compétitivité. Parmi ces initiatives, on retrouve l’amélioration des avantages sociaux, comme l’augmentation de la participation aux tickets-restaurant ou aux régimes de santé. Certains groupes s’engagent également dans des projets en faveur de l’égalité salariale entre hommes et femmes, ou encore dans des dispositifs favorisant le bien-être au travail, comme la flexibilité horaire ou le télétravail.
La guerre des talents continue entre les entreprises
Malgré des budgets restreints, la guerre des talents reste une réalité. Les employeurs doivent jongler entre l’optimisation de leurs coûts et la nécessité de retenir les collaborateurs essentiels. Les augmentations ciblées deviennent ainsi un outil stratégique, tandis que les primes de performance et la rémunération variable, bien que stables dans leur proportion globale, prennent une importance croissante dans certains secteurs. « Actuellement, la moitié des entreprises interrogées ont indiqué qu'elles ne prévoyaient pas d'augmenter les salaires de l'ensemble de leurs employés ».
Le rôle des NAO sera également important en 2025. Ces négociations s’annoncent complexes, dans un contexte où les attentes des salariés risquent de ne pas être pleinement satisfaites par des hausses modérées. Certains employeurs choisissent d’anticiper ces discussions, espérant ainsi éviter des conflits sociaux. (11 % des entreprises interrogées, contre 8 % seulement en 2023).