Va-t-on vers la disparition pure et simple d’une grande compagnie aérienne européenne ? C’est probable, depuis le rejet par les salariés d’Alitalia d’un nouveau plan de relance.
Depuis 15 ans, ces plans se succèdent sans que la compagnie aérienne ne parvienne à retrouver le chemin d’une croissance durable. Le dernier en date devait supprimer 1 700 emplois et réduire les salaires de 8%. Ça aurait pu être pire, puisque l’État a apporté son soutien financier (200 millions d’euros d’aide) afin rendre ce plan de relance moins douloureux : à l’origine, il comptait en effet 2 000 suppressions d’emplois et des baisses de salaire pouvant aller jusqu’à 30%.
Des salariés épuisés
Mais les salariés, épuisés par tant de restructuration depuis ces dernières années, ont décidé de rejeter cet énième plan de relance, pourtant validé par les syndicats. Ce qui pourrait bien signer la mort de la compagnie aérienne : le dépôt de bilan pourrait ainsi intervenir dans les six mois, craint le gouvernement italien. La trésorerie d’Alitalia est au plus bas alors que la période est aux réservations de vols pour l’été ; mais les voyageurs, au fait des difficultés de l’entreprise, préfèrent voyager ailleurs.
Difficultés structurelles
Cet épilogue est la conséquence de difficultés de longue date pour Alitalia, qui a toujours rencontré des problèmes de recettes unitaires trop faibles liés à la structure particulière du secteur aérien en Italie, notamment la concurrence entre Milan et Rome. Et l’alliance Skyteam, avec Air France-KLM et Delta, a du plomb dans l’aile : Etihad, principal actionnaire d’Alitalia, est accusé de concurrence déloyale ce qui réduit les marges de manœuvre de l’entreprise.