Afin de financer la branche autonomie de la Sécurité sociale, des sénateurs suggèrent que chaque salarié puisse travailler gratuitement 7 heures par an. Soutenue par le ministre de l’Économie, cette proposition suscite déjà un vif débat.
Après le « travailler plus », le « travailler gratis » ?
Travailler gratuitement : une initiative pour renflouer la branche autonomie
Face à une population vieillissante, le financement de la branche autonomie devient un enjeu crucial. Pour y répondre, un groupe de sénateurs a récemment déposé un amendement ambitieux : augmenter la durée annuelle de travail de sept heures, sans compensation salariale. Selon leurs estimations, cette mesure pourrait générer environ 2,5 milliards d’euros par an.
À la différence de la suppression d’un jour férié, ce dispositif repose sur une augmentation du temps de travail. La rapporteure Élisabeth Doineau, à l’origine du texte, précise qu’il s’appliquerait aussi bien au secteur privé qu’aux fonctions publiques. L’objectif ? Financer les dépenses liées à l’accompagnement des personnes âgées dépendantes et des personnes en situation de handicap.
En retour, les entreprises verraient leur contribution de solidarité pour l’autonomie augmenter de 0,3 à 0,6%. Ce prélèvement additionnel compléterait le travail gratuit, garantissant une affectation exclusive de ces fonds à la branche autonomie.
Une application flexible et un débat en perspective
La mise en œuvre de cette mesure, si elle était adoptée, serait laissée à la discrétion des entreprises. Elles pourraient, par exemple, ajouter une journée de travail supplémentaire chaque année ou fractionner ce temps en 1 h 40 par mois. "Une totale souplesse sera accordée aux acteurs de terrain", assure le texte, prévoyant des négociations avec les partenaires sociaux.
Le ministre de l’Économie, Antoine Armand, a salué cette idée qu’il juge "intéressante" et "judicieuse". Toutefois, il a appelé à un examen détaillé des modalités avant toute adoption. "Travailler davantage est une piste à explorer", a-t-il déclaré lors d’une récente interview.
Les critiques, elles, n’ont pas tardé à se manifester. Certains syndicats pointent le caractère coercitif et inégalitaire d’une telle mesure, qui pourrait accentuer la pression sur les salariés déjà fragilisés. Pour d’autres, c’est l’efficacité réelle de cette contribution qui pose question face à des besoins croissants.