Les airfryers, ou friteuses sans huile, ont séduit le grand public par leur simplicité et leurs vertus « santé ». Mais au Royaume-Uni, une enquête de l’association de consommateurs Which?, publiée le 5 novembre 2024, remet en question cette popularité en révélant les pratiques douteuses de certains modèles connectés.
Données personnelles : votre Airfryer vous espionne-t-il ?
Sous le couvert de fonctions pratiques, ces appareils collecteraient des informations personnelles sans le consentement éclairé des utilisateurs. Entre collecte de données, risques d’espionnage et manque de transparence, plongée dans une affaire où un Airfryer pourrait en dire long sur votre vie privée.
Quand les Airfryers se transforment en espions domestiques
Selon Which?, dont l'étude a été relayée par The Guardian,, les airfryers des marques Xiaomi, Aigostar et Cosori sont équipés de fonctionnalités connectées qui permettent de programmer la cuisson via une application mobile. Pratique ? Certes. Mais ces applications cacheraient un vice bien moins avouable : elles exigent des permissions étendues pour accéder aux données personnelles des utilisateurs, telles que la localisation précise, le genre, et même la possibilité d’enregistrer de l’audio sur le smartphone.
Marques | Données collectées | Localisation des serveurs | Partenaires publicitaires |
---|---|---|---|
Xiaomi | Localisation, audio, genre, âge | Chine | Facebook, TikTok, Tencent |
Aigostar | Localisation, genre, âge | Chine | Non spécifié |
Cosori | Localisation, audio | Non spécifié | Non spécifié |
Xiaomi, en particulier, utilise des trackers de réseaux publicitaires tels que Facebook et Pangle (TikTok for Business), ainsi que des services affiliés au géant chinois Tencent. Pour l’association, il est clair que cette collecte massive sert des intérêts commerciaux, voire plus inquiétants. « Est-ce pour vous, l’utilisateur, ou pour un fabricant trop curieux ? » questionne le spécialiste en cybersécurité MalwareBytes, relayant ainsi les préoccupations de Which?.
Airfryer sur écoute : des risques d’espionnage au profit de la Chine ?
Le fait que ces données soient envoyées à des serveurs en Chine alimente les soupçons de surveillance d’État. Il s’agit peut-être d’un vaste scandale de surveillance de masse orchestré par les autorités chinoises. Ces accusations, qui font écho à de précédents cas impliquant les smartphones Xiaomi, placent les airfryers dans une zone grise où la vie privée des utilisateurs est vulnérable aux pratiques des fabricants.
La marque Xiaomi se défend, affirmant que ses produits respectent les normes européennes de confidentialité, comme le RGPD (Règlement Général sur la Protection des Données). « Le respect de la vie privée a toujours fait partie de nos valeurs fondamentales », déclare l’entreprise, tout en menaçant de prendre des mesures légales contre les accusations de Which?. Cosori, de son côté, insiste sur la conformité de ses produits aux normes européennes, tandis que Aigostar reste muette face aux demandes de commentaires.
Airfryers espions : quelles précautions pour les consommateurs ?
Face à ces révélations, l’association Which? recommande aux consommateurs de redoubler de vigilance et de vérifier soigneusement les autorisations demandées par les applications de leurs appareils connectés.
Recommandations pratiques pour limiter les risques :
- Lire la politique de confidentialité : Prenez le temps de lire les conditions d’utilisation pour mieux comprendre quelles données sont collectées.
- Limiter les permissions : N’accordez que les autorisations strictement nécessaires, et refusez celles concernant l’audio ou la localisation si elles ne sont pas indispensables.
- Désinstaller les applications inutiles : Si l’utilisation d’une application n’est pas essentielle, il vaut mieux l’éviter.
- Supprimer les enregistrements audios : Si vous soupçonnez une application de collecter vos données audio, n’hésitez pas à supprimer régulièrement ces enregistrements de votre téléphone.
La collecte massive de données par des objets connectés semble aujourd’hui dépasser les simples friteuses. Outre les airfryers, Which? a relevé des comportements similaires chez de nombreux appareils domestiques, des téléviseurs connectés aux montres intelligentes. Un constat qui invite à se questionner sur l’utilisation généralisée des objets connectés et sur le prix à payer pour notre confort quotidien.
Un scandale de surveillance déguisé en innovation ?
Cette affaire soulève des questions concernant l’avenir de la vie privée dans un monde de plus en plus numérisé. Alors que les appareils connectés envahissent les foyers, la collecte excessive de données par des entreprises parfois peu scrupuleuses semble être la contrepartie imposée aux consommateurs.
Que ce soit pour un usage commercial ou pour satisfaire une curiosité démesurée, la discrétion de ces technologies pousse au questionnement : jusqu’où sommes-nous prêts à sacrifier notre vie privée au profit de la technologie ?
Alors, votre airfryer pourrait-il devenir votre nouvel espion domestique ?