CAC 40 : les patrons gagnent en moyenne 95 fois le SMIC

La rémunération des patrons du CAC 40 suscite une nouvelle fois de l’incompréhension. En 2023, selon l’étude du cabinet Proxinvest, le salaire moyen de ces dirigeants a atteint 7,1 millions d’euros, soit une augmentation de 6 % par rapport à 2022. Comment justifier de tels revenus, surtout quand la situation économique impose sacrifices et incertitudes pour la majorité ?

Paolo Garoscio
Par Paolo Garoscio Publié le 13 novembre 2024 à 12h30
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45 MILLIONS €Le salaire du patron de Dassault Systèmes dépasse 45 millions d'euros.

Une hausse continue : les rémunérations des patrons du CAC 40 au sommet

En 2023, les dirigeants des grandes entreprises du CAC 40 ont vu leurs rémunérations augmenter de 6 % par rapport à 2022, atteignant en moyenne 7,1 millions d’euros. Depuis 2019, soit l'année de référence pré-pandémie, cette hausse atteint 37 %. Ce niveau de rémunération marque un record historique, avec des montants fixés en nette progression, appuyés par des attributions d'actions et de bonus.

Année Rémunération moyenne CAC 40 Variation par rapport à 2019
2019 5,2 millions d’euros -
2022 6,7 millions d’euros +29 %
2023 7,1 millions d’euros +37 %

Du côté du SBF 120, l’indice élargi qui inclut les plus grandes entreprises cotées à la Bourse de Paris, les présidents exécutifs ont reçu en moyenne 4,3 millions d'euros en 2023, soit une augmentation de 2 % par rapport à 2022. À noter que, parmi les patrons du CAC 40, seulement 20 % de leur rémunération est fixe, le reste provient de bonus et d'attributions d'actions souvent liées à des performances qui sont aujourd’hui remises en question par les salariés et le public.

Les mieux payés : jusqu’à près de 50 millions d’euros de rémunération

Si la rémunération moyenne est déjà impressionnante, certains dirigeants atteignent des sommets difficilement concevables pour le commun des salariés. Bernard Charlès, PDG de Dassault Systèmes, se hisse au premier rang avec un revenu total de 46,8 millions d'euros. Une somme astronomique, dont plus de 90 % provient de l’attribution d’actions. Il est suivi par Ilham Kadri, ex-directrice générale de Solvay, avec 23 millions d'euros, et Carlos Tavares, PDG de Stellantis, qui perçoit 17,8 millions d'euros malgré la chute de 33 % de l'action de son entreprise cette année.

Dirigeant Entreprise Rémunération totale en 2023
Bernard Charlès Dassault Systèmes 46,8 millions d’euros
Ilham Kadri Solvay 23 millions d’euros
Carlos Tavares Stellantis 17,8 millions d’euros

Comment comprendre qu’un dirigeant comme Bernard Charlès puisse recevoir une telle somme alors que les résultats de l'entreprise ne bénéficient pas forcément aux employés ? Les performances financières des entreprises ne sont pas toujours proportionnelles à ces rémunérations extravagantes. Cette disparité de traitement alimente un sentiment d'injustice grandissant dans la société.

Inégalités salariales : un gouffre qui s’élargit entre patrons et salariés

L’écart entre les salaires des patrons et des salariés atteint des proportions inquiétantes. En moyenne, un dirigeant du CAC 40 gagne 95 fois plus que ses employés. Par comparaison, l’augmentation salariale des employés n’a été que de 4 %, un chiffre inférieur au taux d’inflation de 4,6 %, selon l’INSEE. En clair, alors que les dirigeants profitent d’une croissance salariale et d’un gain de pouvoir d’achat, les employés, eux, voient leur niveau de vie diminuer.

Comparaison Patron CAC 40 Employé moyen (base SMIC)
Rémunération moyenne 7,1 millions d’euros 24 872 euros
Ratio d’équité 1 pour 95 -
Évolution 2023 +6 % +4 %

Ces chiffres interrogent sur la justice salariale et soulèvent des critiques vis-à-vis des entreprises qui, malgré des bénéfices conséquents, semblent ignorer les difficultés de leurs propres employés. Peut-on vraiment justifier un tel fossé de revenus, surtout dans un contexte où des annonces de plans de licenciement se multiplient ?

Vers une justice salariale ou une fracture irréparable ?

La question reste ouverte : combien de temps cette fracture salariale peut-elle encore s’élargir avant d’aboutir à un véritable séisme social ? Le modèle actuel de rémunération des dirigeants semble déconnecté de la réalité de leurs salariés, et cette inégalité croissante pourrait bien devenir insoutenable.

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Paolo Garoscio

Après son Master de Philosophie, Paolo Garoscio s'est tourné vers la communication et le journalisme. Il rejoint l'équipe d'EconomieMatin en 2013.   Suivez-le sur Twitter : @PaoloGaroscio

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