L’Assemblée nationale rejette le Budget 2025, le Sénat reprend la main

Les députés ont massivement rejeté le volet « recettes » du budget 2025 ce mardi 12 novembre 2024, stoppant ainsi l’examen parlementaire en première lecture. Après d’intenses discussions et un remaniement significatif du texte initial, 362 députés ont voté contre le projet du gouvernement, qui sera désormais examiné par le Sénat. Ce rejet empêche également tout débat en plénière sur la partie « dépenses », qui reste pourtant un enjeu crucial pour l’équilibre financier de l’État.

Anton Kunin
Par Anton Kunin Publié le 13 novembre 2024 à 8h04
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L’Assemblée nationale rejette le Budget 2025, le Sénat reprend la main - © Economie Matin

Un budget remanié mais vivement contesté

Le projet de loi de finances pour 2025 avait pour objectif initial de réduire le déficit public en économisant 60 milliards d’euros par rapport à 2024. Cependant, les débats à l’Assemblée nationale ont profondément modifié le texte, sous l’impulsion de nombreux amendements déposés par des groupes d’opposition. Le Nouveau Front populaire (NFP) et le Rassemblement national ont apporté des changements majeurs, introduisant notamment des taxes sur les superprofits, les rachats d’actions et une fiscalité accrue pour les grandes entreprises du numérique. Ces ajouts, soutenus par les groupes de gauche, visaient une redistribution des richesses et un renforcement de la « justice fiscale ».

En réponse, les membres de la coalition gouvernementale, ainsi que certains centristes, ont dénoncé ces modifications. Pour Laurent Saint-Martin, le ministre du Budget, ces amendements ont « dénaturé » le texte, transformant un projet initialement conçu pour la rigueur budgétaire en une « explosion fiscale ». Cette critique a également été partagée par des figures de la droite, comme Charles de Courson, qui a dénoncé un budget risquant de nuire aux engagements européens de la France.

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Une Assemblée éclatée et des choix controversés

Le rejet de la partie « recettes » entraîne la suspension de l’examen des « dépenses » et un transfert du texte au Sénat. Ce passage au Sénat se fera à partir de la version initiale du gouvernement, une procédure inhabituelle qui reflète les tensions politiques actuelles. L’absence d’une majorité claire a permis à des alliances ponctuelles de se former entre la gauche et le RN, qui ont ainsi pu influencer le contenu du texte. Philippe Brun, député socialiste, a salué ce « budget du Nouveau Front populaire », tandis qu’Aurélien Le Coq, de La France Insoumise, a affirmé que le texte répondait aux « aspirations populaires » en privilégiant une fiscalité ciblant les plus aisés.

Cependant, ce budget remanié a suscité de vives critiques pour ses aspects jugés anticonstitutionnels et contraires aux accords européens. Certains amendements, comme celui supprimant la contribution de la France à l’Union européenne, ont choqué les députés de la coalition gouvernementale. Véronique Louwagie, de la droite républicaine, a fustigé le texte comme étant un « matraquage fiscal » soutenu par des alliances « contre-nature » entre le RN et la gauche.

En définitive, malgré le fait que l’Assemblée n’a pas pu adopter ce budget, Laurent Saint-Martin a souligné la pertinence des discussions menées et a assuré que certains amendements pourraient être intégrés lors de l’examen au Sénat, en fonction des évolutions du texte lors de la Commission mixte paritaire.

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Anton Kunin

Après son Master de journalisme, Anton Kunin a rejoint l'équipe d'ÉconomieMatin, où il écrit sur des sujets liés à la consommation, la banque, l'immobilier, l'e-commerce et les transports.

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