Paris : des bus Keolis bientôt en petite couronne ?

Le 12 novembre 2025 marquera l’un des changements les plus significatifs dans le domaine des transports en Île-de-France : l’ouverture du réseau de bus de la petite couronne à la concurrence. Keolis, filiale de la SNCF, s’est vu attribuer le lot « Marne et Brie », tandis que la RATP conserve les lots « Boucles Nord de Seine » et « Bords de Marne ». Ce bouleversement dans l’exploitation des transports en commun touche directement les usagers de ces zones et annonce des transformations profondes dans l’organisation du réseau de bus parisien.

Paolo Garoscio
Par Paolo Garoscio Publié le 13 novembre 2024 à 6h39
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ratp, fraude, contrôle technique, bus - © Economie Matin
18 MILLIONS €Le résultat de la RATP a été de 18 millions d'euros de bénéfice net en 2023.

Pourquoi un changement dans les réseaux de bus en région parisienne ?

Depuis plusieurs années, Île-de-France Mobilités (IDFM), l’autorité organisatrice des transports en région parisienne, a pour objectif d’améliorer la qualité du service et de répondre aux besoins croissants de mobilité. Dans cette optique, l’ouverture à la concurrence permet d’introduire de nouveaux opérateurs, encouragés à innover pour rendre les transports plus efficaces. Cette transition vise aussi à réduire les coûts pour les collectivités tout en maintenant les tarifs pour les usagers.

En 2021, IDFM a initié l’ouverture à la concurrence pour les réseaux de bus en grande couronne. Aujourd’hui, c’est au tour de la petite couronne, avec une première attribution des lots couvrant plusieurs zones stratégiques de la banlieue parisienne.

Lot Opérateur Zone desservie Nombre de lignes Nombre de véhicules Nombre d'habitants desservis
Marne et Brie Keolis Seine-et-Marne, Seine-Saint-Denis, Val-de-Marne 39 bus, 3 TAD, 2 express 350 600 000
Boucles Nord de Seine RATP Asnières, Levallois-Perret, Neuilly-sur-Seine, etc. 19 lignes 280 1,7 million
Bords de Marne RATP Vincennes, Montreuil, Bagnolet, Bobigny, etc. 29 lignes 300 1,2 million

Keolis et RATP : qui a remporté quoi et pourquoi ?

La compétition entre les opérateurs a été féroce, chaque acteur cherchant à obtenir une part de ce marché à haute valeur stratégique. Keolis, selon les informations de Capital, a été sélectionné pour le lot « Marne et Brie », qui regroupe des lignes de bus desservant des villes telles que Chelles, Pontault-Combault et Noisy-le-Grand. Ce contrat de sept ans, renouvelable pour un an supplémentaire, représente un marché de 900 millions d’euros. L’attribution de ce lot à Keolis est vue comme un moyen de dynamiser le service dans une zone au trafic dense.

La RATP, opérateur historique, conserve deux lots : le réseau « Boucles Nord de Seine » et « Bords de Marne », couvrant ensemble près de 48 lignes et desservant des zones densément peuplées. IDFM a souhaité maintenir une continuité de service dans ces secteurs, d’autant que la RATP y possède une expertise logistique importante.

Ce qui va changer pour les usagers

L’arrivée de Keolis dans la gestion des bus de la petite couronne apporte plusieurs nouveautés pour les usagers :

  • Suivi en temps réel : Keolis prévoit d’installer des bornes alimentées par des mini batteries basse consommation aux arrêts de bus, permettant aux usagers de suivre en direct la localisation des véhicules.
  • Transition énergétique : Avec l’objectif fixé par IDFM d’un parc de bus à 100 % d’énergies alternatives d’ici 2030, Keolis s’engage à remplacer progressivement les véhicules diesel par des bus fonctionnant au biogaz et à l’électricité.
  • Amélioration de la rapidité : Keolis a déjà entamé une étude des infrastructures routières, visant à optimiser les feux tricolores et les croisements pour accélérer le passage des bus et diminuer les retards.

Enjeux sociaux et défis pour les opérateurs

Si l’ouverture à la concurrence offre des perspectives d’amélioration pour les usagers, elle pose également des défis sociaux importants. Le transfert des équipes de la RATP vers Keolis, qui concerne environ 1 100 collaborateurs, a suscité des inquiétudes parmi les salariés. Ceux-ci conserveront leurs conditions salariales et sociales, mais les changements organisationnels liés au passage sous une nouvelle direction soulèvent des questions.

Selon Youenn Dupuis, directeur général adjoint de Keolis en charge de l’Île-de-France, « il est essentiel de travailler en étroite collaboration avec les salariés pour assurer une transition en douceur. » Keolis prévoit des réunions de groupe avec les employés dès janvier 2025 pour répondre aux interrogations et anticiper les ajustements nécessaires.

Cependant, l’opposition politique reste sceptique face à cette ouverture. Céline Malaisé, représentante de La Gauche Communiste, Écologiste et Citoyenne, dénonce un « risque de dumping social » et redoute un affaiblissement des conditions de travail à long terme. Elle voit dans cette restructuration une « vente à la découpe » du réseau historique de la RATP, symbole de service public depuis sa création.

L’attribution des lignes parisiennes à venir : vers une concurrence accrue

D’ici octobre 2025, les premières lignes de bus intra-muros à Paris seront également mises en concurrence. Ces lignes, parmi les plus fréquentées, représentent un enjeu majeur pour les opérateurs, chacun cherchant à renforcer sa présence dans le cœur de la capitale. Pour gérer cette attribution, IDFM prévoit une réunion tripartite en janvier prochain, réunissant les acteurs principaux – Keolis, Transdev et RATP – afin de définir les conditions de cette nouvelle étape.

Pour les usagers, cette ouverture à la concurrence est porteuse d’espoir : elle pourrait offrir un réseau plus performant, moins polluant et mieux adapté aux réalités modernes de la mobilité en Île-de-France. Toutefois, la vigilance sera de mise pour garantir que la qualité de service reste la priorité de tous les acteurs impliqués.

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Paolo Garoscio

Après son Master de Philosophie, Paolo Garoscio s'est tourné vers la communication et le journalisme. Il rejoint l'équipe d'EconomieMatin en 2013.   Suivez-le sur Twitter : @PaoloGaroscio

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