Pour alléger le déficit de la Sécurité sociale, certains parlementaires proposent de supprimer un jour férié, instauré comme seconde journée de solidarité. Si cette mesure pourrait injecter jusqu’à 3,3 milliards d’euros dans les caisses de l’État, le débat divise profondément.
Jours fériés : lequel nous enlèvera-t-on en 2025 ?
Journée de solidarité : le 11 novembre, un « candidat » qui suscite néanmoins des réticences
Depuis quelques mois, l'idée de supprimer un jour férié pour instaurer une seconde journée de solidarité a pris de l'ampleur dans les rangs du gouvernement et au parlement. Inspirée par la première journée de solidarité, instaurée en 2004 pour financer l’autonomie des personnes âgées, cette initiative est perçue comme une réponse budgétaire aux défis de la Sécurité sociale. « Instaurer un second jour de solidarité, c'est une piste intéressante », a affirmé le ministre de l’Économie Antoine Armand. Selon les projections, cela permettrait de générer des milliards en contributions salariales et patronales, une manne financière substantielle dans le contexte actuel.
Mais cette proposition soulève la question cruciale : quel jour férié sacrifier ? Le 11-Novembre, jour du souvenir, ou le 8-Mai, commémorant la fin de la Seconde guerre mondiale, sont des candidats évoqués par certains parlementaires. Jean-François Copé, maire de Meaux, a notamment suggéré la suppression du 11-Novembre. Toutefois, cette idée se heurte à l’opposition de figures historiques et d’associations mémorielles. Ainsi, pour Serge Barcellini, président du Souvenir Français, « le 11-Novembre est intouchable ».
Journée de solidarité : la cacophonie de 2024 est toujours dans les esprits
Dans le monde économique et syndical, les avis sont tout aussi tranchés. La Confédération des petites et moyennes entreprises (CPME) voit dans cette réforme un moyen de combler le retard de travail de la France par rapport à ses voisins. Cependant, certains s’inquiètent des conséquences économiques d'une telle décision. « Supprimer un jour comme le 15-Août ou le 11-Novembre n’aurait pas les mêmes effets sur la croissance », explique l’économiste Mathieu Plane de l'OFCE.
Face aux désaccords et au souvenir des difficultés qu’a engendrées la première journée de solidarité, instaurée uniquement dans le secteur privé, le gouvernement hésite à répéter l’expérience. Le secrétaire général de la CPME insiste sur l'importance de l’égalité : « Tout le monde doit être traité de la même manière, dans le privé comme dans le public ». Rappelons qu’en 2008, le gouvernement avait dû revoir sa copie pour accorder plus de flexibilité aux entreprises.