Exportation d’électricité en France : un record historique

En 2024, la France s’impose sur la scène énergétique européenne en atteignant un record historique d’exportation d’électricité. Avec une prévision de 90 TWh exportés d’ici la fin de l’année, ce niveau dépasse de loin les attentes et reflète un retour en puissance du secteur électrique français, porté par un parc nucléaire revitalisé et une montée en flèche des énergies renouvelables.

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Par Adelaïde Motte Publié le 7 novembre 2024 à 15h00
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Exportation d’électricité en France : un record historique - © Economie Matin
220 000 personnesLa filière énergétique génère 220 emplois directs et indirects

Un retour en force du nucléaire

L’année 2022 avait été particulièrement difficile pour le parc nucléaire français, et donc pour la production d'électricité. À cause d'un manque de main d'œuvre pour son entretien, manque dû à un désintérêt pour la filière dans les écoles d'ingénieurs, il se trouvait confronté à des problèmes de corrosion sous contrainte qui avaient réduit la production annuelle à 279 TWh. Cette situation critique avait contraint la France à importer 16,5 Térawattheure (TWh), un revers rare pour un pays traditionnellement exportateur net.

Cependant, la situation s’est rapidement inversée grâce aux efforts concertés d’EDF et aux investissements dans la maintenance et la modernisation des réacteurs. En 2024, la production nucléaire a atteint une fourchette impressionnante de 340 à 360 TWh, rétablissant ainsi la France comme un acteur incontournable sur le marché de l’électricité en Europe.

La France en mesure d'exporter son électricité

La capacité accrue d’exportation repose sur plusieurs facteurs clés :

La production excédentaire et stabilité : avec une demande intérieure stabilisée autour de 400 TWh par an, la France dispose d’un surplus substantiel qui lui permet de fournir ses voisins européens. Cet équilibre est soutenu par des politiques de rénovation énergétique qui visent à contenir la consommation des bâtiments, et donc à maintenir la disponibilité d’énergie pour l’export.

Des accords commerciaux stratégiques : EDF a signé, dès 2024, des contrats de fourniture d’électricité totalisant environ 17 TWh par an, avec une échéance allant jusqu’en 2029. Ces accords garantissent des revenus constants et offrent une visibilité précieuse pour l’avenir de la filière. De plus, la durée moyenne de ces contrats, étalée sur 41 mois, témoigne de la confiance des partenaires européens dans la fiabilité de l’approvisionnement français.

Le marché européen de l’électricité : la France profite d’un réseau interconnecté qui lui permet de vendre de l’électricité aux pays voisins, notamment l’Allemagne, l’Italie et le Benelux, souvent confrontés à des besoins accrus et des productions intermittentes. L’exportation d’électricité devient ainsi non seulement un vecteur économique important, mais aussi un instrument de coopération énergétique au sein de l’UE.

La France en première ligne sur un marché en pleine croissance

L’exportation d’électricité génère des revenus significatifs pour la France, soutenant l’économie et contribuant à l’amélioration de la balance commerciale. Avec des prix de vente souvent supérieurs à 78 euros par mégawattheure (prix seuil fixé dans le cadre de la nouvelle régulation), EDF et d’autres acteurs de la filière peuvent sécuriser des marges bénéficiaires tout en diversifiant leurs sources de revenus.

Le contexte européen, marqué par la transition énergétique et les besoins croissants en électricité, offre à la France une opportunité unique de consolider sa position de leader. Selon les estimations, l’électrification du secteur des transports ajoutera 70 TWh à la demande intérieure d’ici 2035, tandis que les centres de données contribueront à hauteur de 20 TWh supplémentaires. Pour répondre à ces défis tout en continuant à exporter, EDF et le gouvernement doivent planifier des investissements continus dans les infrastructures et la production, notamment le nucléaire qui offre une énergie propre, dont la production soit régulière et non soumise aux aléas climatiques.

La filière énergétique, source d'emplois importante

L'industrie de la production d'électricité en France, au-delà de ses succès en termes d'exportation, joue également un rôle crucial dans l'économie nationale à travers la création et le maintien de milliers d'emplois. L'ensemble de la filière énergétique, du nucléaire aux énergies renouvelables, emploie directement et indirectement près de 220 000 personnes. Cela inclut des ingénieurs, des techniciens, des ouvriers spécialisés et des professionnels de la maintenance, sans oublier les nombreux sous-traitants et fournisseurs.

L’importance de ces emplois s’étend bien au-delà des sites de production. En effet, la chaîne logistique associée, comprenant la construction, l’entretien des infrastructures et le transport de l’électricité, soutient un écosystème économique complexe. Selon EDF et le ministère de la Transition énergétique, l'activité liée au nucléaire représente à elle seule environ 60 000 emplois directs, avec des perspectives de croissance grâce aux investissements en modernisation et aux nouvelles constructions, telles que les EPR (réacteurs européens à eau pressurisée).

Les énergies renouvelables, quant à elles, contribuent à dynamiser les zones rurales et périurbaines en créant des emplois dans la construction et l'entretien de parcs éoliens et solaires. Par ailleurs, la transition énergétique et les efforts pour atteindre les objectifs de décarbonation génèrent une demande croissante de spécialistes dans le domaine de la recherche et du développement, stimulant ainsi l’innovation et la formation.

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Ade Costume Droit

Diplômée en géopolitique, Adélaïde a travaillé comme chargée d'études dans un think-tank avant de rejoindre Economie Matin en 2023.

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