Le déficit budgétaire de la France atteint des niveaux vertigineux. Alors que la dette publique dépasse les 3 300 milliards d’euros et que le déficit attendu pour cette année s’élève à plus de 166 milliards d’euros, une part substantielle de ces difficultés semble être passée sous silence : le financement des retraites publiques.
Scandale du siècle : les retraites des fonctionnaires à moitié financées… par la dette !
Retraites : une gestion dissimulée des déficits
Depuis des décennies, les finances publiques françaises sont marquées par un déséquilibre croissant. La problématique est particulièrement flagrante dans le secteur des retraites. Selon des analyses récentes, l'État pratique une surcotisation pour ses employés, une mesure qui passe souvent inaperçue car elle est intégrée dans la masse salariale. Comme l’explique le sénateur UDI Vincent Delahaye interrogé par Le Point, si l'État cotisait au taux de 28 % comme tout employeur, il serait dans l'incapacité de financer les retraites des fonctionnaires. Pour couvrir ce besoin, l'État surcotise à un taux astronomique de 98 %.
Cette situation met en lumière un « gouffre qui engloutit chaque année plus de 50 milliards d'euros de déficit », selon les informations du Point. Ces surcotisations, pudiquement appelées « contributions d'équilibre », ont un coût colossal pour les finances publiques, coût qui, selon le Sénat, atteint 56,5 milliards d’euros en 2023 pour les seules retraites publiques et 16 milliards pour celles du privé. Depuis le début des années 2000, ce sont donc plusieurs centaines de milliards d’euros de déficits qui ont été cachés.
Le Conseil d'orientation des retraites sous le feu des critiques
L'opacité du système est renforcée par le rôle du Conseil d'orientation des retraites (COR), une institution créée en 2000. Chargé de fournir des analyses sur l’état du système de retraite, le COR a adopté des conventions comptables et des hypothèses qui masquent la réalité du déficit. Les critiques pointent du doigt sa tendance à inclure les contributions de l’État dans les cotisations, ce qui revient à « considérer des dépenses de l’État comme s’il s’agissait de cotisations ». Cette stratégie contribue à atténuer l'urgence perçue des réformes nécessaires et à maintenir l’illusion d’un système « globalement équilibré ».
L'analyse des coûts met en exergue un écart saisissant entre les retraités du secteur public et ceux du privé. En 2023, la dépense publique par retraité du secteur public s’élevait à environ 14 125 euros, contre seulement 1 230 euros pour un retraité du privé. « Un rapport de 1 à 12 ! C'est profondément injuste, car nous payons tous les mêmes impôts ! », souligne le sénateur Vincent Delahaye.
Un scandale enfin dévoilé au grand jour ?
Cette situation a des répercussions directes sur la perception des réformes et sur la capacité de l'État à mener des politiques budgétaires efficaces. En 2023, la réforme des retraites, pourtant adoptée dans un climat social tendu, n'a permis de « régler que 10 % du problème », selon le sénateur. Cette réforme, centrée sur la suppression de quelques régimes spéciaux, laisse intacte la majorité des déséquilibres structurels.
Le débat s'élargit sur la viabilité d'un système aussi généreux. La France se distingue par son système de retraite, qui permet des départs précoces et garantit un niveau de vie souvent supérieur à celui des actifs. La question devient donc de savoir si la France peut continuer à financer un tel modèle au prix d'un endettement massif.
Vincent Delahaye propose de scinder les contributions de l’État entre cotisations légales et surcotisations. Une telle mesure permettrait de rendre visibles les véritables engagements de l'État envers ses fonctionnaires et d'informer le débat public sur la nécessité d'une réforme en profondeur. Malgré les résistances, notamment de la part des syndicats et d’une partie des membres du COR, un premier pas vers la transparence est possible.