L’année 2024 est une année exceptionnelle pour l’or. Son cours en euros et en dollars n’a jamais été aussi haut. Depuis la fin du mois de mars, le prix de l’once d’or bat records sur records. Politiques monétaires, taux d’intérêt et fortes tensions géopolitiques agissent comme des boosters sur un cours de l’or… qui s’envole ! Mais jusqu’où ?
Victoire de Donald Trump : l’or va-t-il arrêter sa folle progression ?
Cours de l’or : une année 2024 exceptionnelle
Au début de l’année, quand l’once d’or s’affichait à 1 870 euros, on se disait que les 2 000 euros l’once seraient atteignables à la fin de l’année 2024. Fin octobre, les 2 500 euros l’once d’or sont déjà dépassés : une preuve qu’il est toujours difficile de faire des prévisions. Cette hausse est exceptionnelle mais elle est explicable.
De janvier à mars 2024 : la fin de la stabilisation
Depuis le mois de mars 2022, le cours de l’or était stabilisé autour de 1 800 euros l’once. Une latéralisation comme le disent les spécialistes de l’analyse technique des cours. Ce prix de l’or était le fruit de l’augmentation de 20 % provoquée par le début de la guerre en Ukraine. Mais ce qui était déjà assez impressionnant, c’est l’absence de correction. Comme le conflit entre les Russes et les Ukrainiens s’installait normalement, le prix de l’or aurait dû corriger pour retrouver peu ou prou son niveau d’avant mars 2020. Que nenni ! Comme s’il y avait une sorte de palier à chaque augmentation du prix.
Début avril 2024 : l’or réagit aux annonces de la BCE
Le prix de l’or est très lié aux politiques monétaires. Et cette forte hausse d’avril 2024 le prouve encore. En effet, le 11 avril, la présidente de la Banque centrale européenne, Christine Lagarde, annonce une baisse régulière des taux d’intérêt européens jusqu’à la fin de l’année. Mécaniquement, l’euro, moins attractif, perd de la valeur. L’or en prend. On pourrait ajouter à cet effet de vase communicant un second phénomène. Comme la dette en euros (les obligations d’Etat) est moins rémunérée, c’est un concurrent de l’or qui devient moins attractif. Les investisseurs vont alors acheter de l’or qui pourtant ne verse pas d’intérêt… mais conserve voire augmente sa valeur, surtout quand les taux baissent.
Et l’or passe allègrement la barre des 2 000 euros l’once, puis celle des 2 200 dans une folle quinzaine de flambée.
Quand ce n’est pas la BCE, c’est la FED qui joue les allumeuses (de cours)
Si le printemps a été européen, l’automne 2024 est à mettre à l’actif de la Réserve fédérale américaine. Après des mois d’anticipation, les investisseurs entendent enfin Jerome Powell annoncer une baisse des taux directeurs américains. Même décision, mêmes effets. À partir du 8 septembre, la marche en avant reprend ! L’once d’or en euros s’échange à 2 250 euros début septembre, un mois et demi après, les 2 500 euros sont passés ! Même le champion olympique de saut à la perche Armand Duplantis n’enchaîne pas les records aussi vite !
Tensions dans le monde : tous les ingrédients d’un cocktail explosif favorable à l’or
Alors que l’effet « taux d’intérêt » devrait un peu se calmer, les tensions géopolitiques prennent le relais. Le conflit au Moyen-Orient, les élections américaines, la guerre en Ukraine risquent d’agiter les investisseurs au moins jusqu’à la fin de l’année. Si l’or est une réserve monétaire face aux politiques des banques centrales, c’est aussi la valeur refuge de référence en cas de conflit. En cette fin 2024, ces deux éléments sont réunis. L’or progresse.
L’or va-t-il corriger ou ralentir sa progression ?
Il est toujours difficile de faire des prévisions et l’année 2024 le prouve. Personnellement, j’estime qu’une correction, une pause serait nécessaire. Aujourd’hui, une partie de la hausse est provoquée par un emballement autour de l’or.
L’once d’or à 3 000 ?
Si on parle en dollars, le cours étant à 2 730 dollars, le but n’est plus si éloigné. Et on peut imaginer une sorte de « challenge » des investisseurs en or-papier qui souhaiteraient passer ce cap symbolique des 3 000 dollars. Le cours spot serait aimanté par ce record. En euros, la marche est encore un peu haute. Passer de 2 500 à 3 000 euros l’once ce n’est pas la même progression. Même si le cours a bien pris 500 euros entre janvier et septembre 2024. Bref, c’est atteignable.
Pourquoi une correction est nécessaire ?
En fait plus qu’une correction, c’est une consolidation qui serait la bienvenue. C’est comme ça qu’un cours se construit dans la durée. Et puis, l’or est un actif tangible, ancré dans la réalité. L’économie et la valeur des biens et des services n’ont pas augmenté avec une telle force même en période d’inflation. On peut penser que l’or augmente essentiellement en raison d’un rattrapage de la valeur des monnaies (l’euro et le dollar), surévaluées ces dernières années.
Faut-il acheter de l’or au plus haut ?
En ce moment, la vraie difficulté est de savoir si les plus hauts ont été touchés. Mais surtout cela va dépendre de quel or on achète.
L’or papier : un cours très lié aux actifs boursiers
Les ETF, les contrats futurs sont des actifs qui permettent de « jouer en bourse » avec de l’or. Dans la réalité, l’or physique n’arrive jamais chez les détenteurs d’or-papier. Aujourd’hui avec des variations de cours assez importante, y compris intraday (dans la journée), ces outils permettront surtout de spéculer. Comme on pourrait le faire avec n’importe quelle valeur.
L’or physique : pour conserver de la valeur
Il s’agit de lingots, de pièces d’or et même de jetons ou de bijoux. Et là, on est sur un autre état d’esprit. L’investisseur « en or physique » cherche souvent à conserver de la valeur pas à spéculer. Il peut donc acheter quand il veut, régulièrement pour éviter les effets de cours, puisqu’il va sans doute conserver très longtemps cet investissement.
L’or numérisé : le compromis entre le papier et le physique ?
Cette option consiste à avoir de l’or qui sera transformé grâce à l’informatique en euros via une carte de paiement. C’est un bon moyen pour utiliser sa réserve en cas de « record » sur le prix de l’or. Cela permet de vendre immédiatement de l’or sans passer par une boutique ou un autre. Et donc de profiter de plus-values. Il faut cependant s’assurer que le service en question s’impose un ratio de couverture de 100 %. Autrement dit : que l’or existe bien !