De la théorie à la pratique : la décarbonation dans les opérations du quotidien

Le changement climatique constitue l’un des principaux défis de notre époque. En tant que force motrice de l’économie, les entreprises endossent une immense responsabilité dans la lutte contre cette crise. Mais concrètement, qu’est-ce que la décarbonation d’une entreprise implique ? Cet article lève le voile sur les défis complexes et les opportunités prometteuses de la décarbonation d’entreprise et offre une vue d’ensemble les développements actuels et les évolutions à venir.

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Par Naina Khandelwal Publié le 31 octobre 2024 à 5h00
Carbone Pollution Industrie Changement
De la théorie à la pratique : la décarbonation dans les opérations du quotidien - © Economie Matin
55%L'Europe veut réduire de 55% ses émissions carbone.

Les entreprises françaises ont compris depuis longtemps que la lutte contre le changement climatique dépend aussi d’un changement de cap économique. La volonté est bien là : le défi consiste plutôt à trouver des mesures adaptées pouvant être alignées sur les objectifs de l’entreprise. Après tout, les initiatives ne doivent pas contredire les objectifs business ou s’en éloigner. À titre d’exemple, l’industrie manufacturière, qui est un secteur produisant beaucoup d’émissions, est urgemment enjoint de se transformer, mais les solutions sont encore rares. Les technologies transformatrices en sont encore aux premiers stades et doivent être plus abordables pour avoir un impact à grande échelle.Néanmoins, il existe des opportunités dans le secteur.

CO2 : distinguer, comprendre, et réduire

Toute personne se penchant sérieusement sur la question pour la première fois comprend rapidement que les incertitudes sont légion parmi les experts – et que tout le monde pense avoir raison. En appliquant deux principes empreints de sagesse, les entreprises peuvent se lancer plus facilement.

Aucune entreprise n’est parfaite. Dans le pire des cas, la recherche de la perfection conduit à une paralysie de l’action. Toute initiative constitue par conséquent un bon début.

Vous ne pouvez pas changer ce que vous ne comprenez pas. Toute initiative couronnée de succès commence par une collecte de données ciblée et une analyse. Cette approche est indispensable pour identifier les principaux obstacles.

Il convient de distinguer trois catégories de reporting du CO2

Les émissions directes (Scope 1) sont celles directement générées par une entreprise. Il s’agit par exemple des gaz d’échappement de ses chaudières, fours ou véhicules, ou encore des émissions de CO2 liées à la production de ciment. En bref, cette catégorie englobe tout ce qui se produit directement sous le contrôle de l’entreprise et génère des émissions.

Les émissions indirectes (scope 2) sont la conséquence de l’achat d’électricité ou d'autres énergies. Quand une société achète de l’électricité sur le réseau, les émissions de CO2 liées à la génération d’électricité dans les centrales représentent une émission indirecte dont l’entreprise est conjointement responsable.

Les émissions de scope 3, qui comprennent les émissions des chaînes d'approvisionnement, correspondent à la partie la plus importante et la plus complexe de l’empreinte carbone d’une entreprise. Elles incluent toutes les émissions survenant sur l’intégralité du cycle de vie d’un produit, de l’extraction des matières premières jusqu’à la mise au rebut en passant par la production et le transport. Dans la plupart des secteurs industriels, les émissions de scope 3 sont responsables de plus de 80 % de l’empreinte carbone totale. Leur réduction constitue un défi majeur, car bon nombre de facteurs échappent au contrôle de l’entreprise. Par conséquent, il est conseillé de commencer par obtenir une vue claire des émissions de scope 3 et de se concentrer sur les gains rapides associés aux émissions de scope 1 et 2.

Réductions pragmatiques : énergie, processus industriels, transport…

Une analyse bien structurée des émissions d'une entreprise révèle les principales sources de GES. Dans l’industrie manufacturière, l’expérience a montré qu’ils se situent dans la consommation énergétique, l’utilisation d'électricité, les processus industriels, le transport et la logistique. Les émissions en lien avec les processus sont souvent difficiles à réduire en raison de divers facteurs. Les investissements stratégiques dans les technologies de capture et de stockage du carbone, qui capturent le CO2 avant qu’il ne soit relâché dans l’atmosphère, offrent une alternative possible qui améliore l’empreinte carbone sans modifier le processus.

Toutefois, en principe, cela vaut la peine de s’intéresser aux points pouvant être résolus à l’aide des technologies existantes et mis en œuvre concrètement. Il s’agit de solutions pragmatiques et efficaces ayant une incidence sur la consommation d'énergie. Par exemple, le passage aux énergies renouvelables est un choix évident, car il relève de la sphère d’influence de l’entreprise et s’appuie sur des solutions éprouvées.

Un exemple concret : une entreprise comptant environ 3 000 employés a constaté qu’une part importante de ses émissions de CO2 totales était imputable aux activités des bureaux. Dans le cadre d’une première étape, l’entreprise a décidé de passer entièrement à l’électricité verte certifiée. Grâce à une analyse détaillée de la consommation d’énergie de ses différents sites à travers le monde, elle a pu cibler en priorité les sites affichant la plus importante consommation d’électricité.

Le développement durable peut uniquement être atteint en équipe

Cet exemple montre qu’une collecte de données bien menée est précieuse pour prendre des décisions avisées par la suite, et que le ciblage prioritaire des activités responsables des fortes émissions au sein de l’entreprise conduit à la réussite. Toutefois, il montre en parallèle que cela ne se fait pas tout seul. De nombreuses équipes en charge du développement durable travaillent de manière cloisonnée et ont besoin de l’aide de services tels que l’approvisionnement et les infrastructures pour effectuer des changements pertinents. L’exemple ci-dessus a uniquement été possible avec le concours de l’équipe chargée de la gestion des installations. Des chefs de projet dédiés peuvent donner un second souffle aux projets de développement durable et coordonner les initiatives, mais pour parvenir à instaurer des changements sur le long terme, tout le monde doit œuvrer dans le même sens.

Néanmoins, la collaboration est particulièrement prometteuse quand elle s’étend au-delà des frontières de l’entreprise proprement dite. Dans des secteurs confrontés à des enjeux de décarbonation majeurs tels que la sidérurgie, l’agriculture ou la mode, les efforts collaboratifs sont plus que jamais nécessaires pour apporter un changement systémique à l’ensemble des chaînes d’approvisionnement et des secteurs.

En mettant en place des initiatives collaboratives, les entreprises peuvent mettre leurs ressources en commun afin de lancer des solutions complètes et souvent coûteuses tout en réduisant la charge financière et les risques pour les acteurs individuels.

Le mot de la fin ?

Pour les entreprises, la décarbonation n’est plus une option, mais une nécessité. 

Même si le chemin peut sembler complexe, les points de départ et les premières étapes sont clairs : sans analyse, on ne peut qu’évoluer à l’aveuglette. Les entreprises doivent se concentrer sur les principales sources d’émissions et mettre en œuvre des solutions pragmatiques compatibles avec les technologies et ressources existantes. Pour cela, une collaboration étroite au sein et en dehors de l’entreprise est essentielle.

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Nkhandelwal

Sustainability Advisor chez Watershed.

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