Volkswagen : 3 usines fermées, des milliers d’emplois supprimés ?

Le 28 octobre 2024, Volkswagen a dévoilé un plan social d’une ampleur sans précédent, qui bouleverse l’industrie automobile allemande. Ce plan prévoit la fermeture de trois usines en Allemagne et la suppression de dizaines de milliers d’emplois.

Paolo Garoscio
Par Paolo Garoscio Publié le 28 octobre 2024 à 13h52
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Volkswagen : 3 usines fermées, des milliers d’emplois supprimés ? - © Economie Matin
322 MILLIARDS $Le chiffre d'affaires de Volkswagen a atteint 322 milliards de dollars en 2023.

Le groupe automobile allemand, confronté à une conjoncture difficile, justifie cette restructuration par des contraintes économiques et des défis sur le marché mondial, en particulier la concurrence chinoise dans le domaine des véhicules électriques. Cette décision tourne néanmoins la page des garanties d'emploi qui protégeaient les salariés allemands de Volkswagen depuis plusieurs décennies.

Volkswagen annonce un plan social historique et inédit

Volkswagen, le premier constructeur automobile européen, a annoncé la fermeture de trois usines sur le territoire allemand, une première historique pour l'entreprise. Cette décision est motivée par un besoin urgent d'économiser 4 milliards d’euros. En plus des fermetures d'usines, le plan prévoit des baisses salariales généralisées, avec une réduction de 10% des salaires et un gel prévu pour les années 2025 et 2026.

Les fermetures toucheront principalement des sites en Basse-Saxe, une région historiquement liée à Volkswagen, accentuant l'impact local de cette décision. Ce sont des suppressions massives d'emplois qui sont prévues, avec un chiffre estimé à plusieurs dizaines de milliers, ce qui aura des conséquences graves sur le marché de l'emploi industriel en Allemagne. Toutefois, les discussions sont toujours en cours et rien n’a été fermement décidé.

Les raisons d'une telle suppression d’emplois

Si Volkswagen justifie cette décision par des difficultés économiques croissantes, plusieurs facteurs expliquent ce virage stratégique. D'une part, les coûts élevés de main-d'œuvre en Allemagne sont devenus un handicap majeur face à la concurrence internationale, notamment chinoise dans le secteur des véhicules électriques. La chute des ventes dans des marchés-clés comme la Chine, ainsi que le coût croissant de la transition vers l'électrique, ont exacerbé les pressions financières sur l'entreprise.

En dépit d’un bénéfice net de 17,9 milliards d’euros en 2023, Volkswagen se retrouve face à des perspectives de baisse des ventes et à des marges réduites. Les mesures de réduction des coûts s'accompagnent de la suppression d'avantages pour les salariés, notamment les primes et bonus d'ancienneté, accentuant les tensions entre la direction et les syndicats.

Une vague de licenciements historique en Allemagne

Les syndicats et les salariés de Volkswagen ne comptent pas se laisser faire face à ce plan. Daniela Cavallo, présidente du comité d'entreprise qui a dévoilé ce plan social, a dénoncé un projet qui risque de « saigner à blanc » les sites allemands du groupe, en provoquant un « chômage de masse ». Les discussions sociales s’annoncent tendues, alors que Volkswagen entame des négociations avec le syndicat IG Metall. Ce dernier réclame une augmentation de salaire de 7%, en décalage total avec les propositions de la direction.

Plan social chez Volkswagen : le gouvernement allemand s’inquiète déjà

Le chancelier allemand Olaf Scholz a réagi avec inquiétude face à l'ampleur du plan, demandant que les salariés ne soient pas les premières victimes de décisions managériales passées. Alors que l'économie allemande fait face à une récession et à une hausse du chômage, cette restructuration renforce l'impopularité du gouvernement. Le chancelier a toutefois appelé à la prudence, attendant que la direction de Volkswagen se prononce plus clairement sur les mesures envisagées.

Les pouvoirs publics régionaux, notamment ceux de Basse-Saxe, où Volkswagen a son siège social, sont également intervenus, rappelant leur rôle d'actionnaire dans la stratégie du groupe. Les négociations à venir détermineront en partie l'avenir de l'emploi industriel en Allemagne, alors que des grèves sont déjà envisagées si aucun accord n'est trouvé d'ici décembre.

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Paolo Garoscio

Après son Master de Philosophie, Paolo Garoscio s'est tourné vers la communication et le journalisme. Il rejoint l'équipe d'EconomieMatin en 2013.   Suivez-le sur Twitter : @PaoloGaroscio

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