La crise et les hausses d'impôts commencent à changer durablement les habitudes de consommation des Français, qui apprennent aussi l'intérêt de mieux gérer leur budget familial. Consommer mieux pour dépenser moins, voire épargner, commence à entrer dans les moeurs.
Mais qui dit consommer mieux dit également consommer différemment. Alors que la carte bancaire a largement supplanté tous les autres moyens de paiement dans les achats du quotidien, y compris pour les petites sommes, les ménages qui comptent leurs sous constatent souvent à leurs dépens les risques du crédit facile, facilités par les prélèvements différés ou les autorisations de découverts. Selon la Banque de France, le volume de transactions réalisées en argent liquide aurait augmenté de 60 %, estimation basée sur les volumes de retraits aux distributeurs de billets (DAB). Si d'aucun estiment que c'est un signe de l'augmentation de la fraude et du travail au black, c'est aussi le signe du retour au bon vieux système des enveloppes. Kesako ? Une méthode éprouvée de gestion des budgets familiaux, qui consiste à placer dans des enveloppes, en début de mois, les sommes affectées aux principaux postes de dépense du foyer, non contraints : alimentation, habillement, loisirs, essence et transports, toutes ces dépenses sur lesquelles l'ont peut influer sont ainsi contrôlées par la force des choses. Quand l'enveloppe est vide, on ne dépense plus.
Mais la méthode a ses limites, et présente des risques évidents. La première limite, c'est bien évidemment la possibilité de retirer plusieurs centaines ou milliers d'euros en début de mois pour les placer dans des enveloppes. Le principal risque, c'est la sécurité, que l'on garde l'argent chez soi ou que l'on se déplace avec. Et la méthode ne permet pas vraiment d'apprendre à mieux gérer ses comptes sur la durée. Tous les mois, on recommence. Aussi, de plus en plus de ménages commencent à ouvrir un compte bancaire, sur lequel ils vont transférer par virement un montant fixe en début de mois, ou encore par exemple y faire virer les allocations familiales ou les remboursements de mutuelle. Ce compte se trouve alors affecté à des dépenses bien précises du foyer, qu'il est aisé de suivre et de maîtriser grâce au relevé mensuel. Cette stratégie, couramment utilisée par les entreprises, permet de bien identifier et séparer les flux financiers, et d'optimiser les dépenses qui peuvent l'être. Poussée à l'extrême, cette stratégie peut conduire dans un ménage à avoir chacun un compte personnel affecté à des dépenses bien précises, et un compte joint, dans des banques différentes, afin de bien identifier quel moyen de paiement et quel relevé de compte correspond à quoi.