L’OFCE dresse un tableau préoccupant de l’économie française pour 2025. Entre réduction du déficit, hausse du chômage, austérité budgétaire et incertitudes politiques, les perspectives de croissance s’assombrissent. Le gouvernement est confronté à des choix budgétaires cornéliens alors que l’économie montre des signes de faiblesse.
OFCE : l’austérité budgétaire va plomber l’économie
L'OFCE a publié ses prévisions économiques pour 2025, révélant un ralentissement attendu de la croissance en raison des mesures de réduction du déficit public envisagées par le gouvernement. L'austérité budgétaire menée par l'exécutif ambitionne de ramener le déficit public de 6,1 % du PIB en 2024 à 5 % en 2025. Toutefois, cet effort budgétaire pourrait avoir un impact non négligeable sur l'économie française. Selon l'OFCE, les coupes budgétaires et les hausses d’impôts nécessaires à ce redressement « réduiraient la croissance de 0,8 point de PIB en 2025 », par rapport aux prévisions initiales.
La croissance freinée par l’austérité budgétaire
L'Observatoire français des conjonctures économiques critique également les estimations gouvernementales, soulignant que l'effort d'assainissement des finances serait de 44 milliards d'euros, contre les 60 milliards annoncés par l’exécutif. Près de 60 % de cet effort proviendrait de la hausse des recettes fiscales, tandis que 40 % résulterait de la réduction des dépenses publiques, notamment dans les politiques de l’emploi. Malgré cette austérité, l'OFCE anticipe un déficit budgétaire de 5,3 % du PIB en 2025, légèrement supérieur à l'objectif gouvernemental.
Mathieu Plane, économiste à l'OFCE, alerte sur les répercussions de cette politique budgétaire sur les entreprises. L’incertitude politique qui règne depuis la dissolution de l’Assemblée nationale, avec une majorité fragmentée, pèse sur l'investissement privé. Cette incertitude pourrait ainsi amputer la croissance de 0,1 point en 2024 et de 0,2 point en 2025.
L’OFCE prévoit également une détérioration du marché de l’emploi. Après une dynamique positive en 2022 avec la création de près de 500.000 emplois, suivie de 210.000 créations en 2023, la tendance s'inverse. Le centre de recherche anticipe 143.000 pertes d'emplois en 2025. Le taux de chômage, qui s’élevait à 7,3 % au deuxième trimestre 2024, devrait grimper à 8 % d’ici la fin de l’année 2025.
Des choix budgétaires délicats pour 2025
En parallèle, le pouvoir d’achat individuel des Français reculerait de 0,2 % en 2025. Ce recul s'explique par plusieurs facteurs : la baisse de l'emploi, une croissance limitée des prestations sociales, le report de l’indexation des retraites à juillet, ainsi qu’une baisse des revenus du patrimoine en raison de la diminution des taux d’intérêt et des dividendes.
Cependant, l'OFCE note une lueur d’espoir concernant l'inflation, qui devrait se stabiliser à 2 % en 2024 et descendre à 1,5 % en 2025. Cette baisse des prix pourrait encourager les ménages à consommer davantage, faisant de la consommation des ménages « la principale source de croissance » pour l’économie française, avec une progression estimée à 1,1 % en 2025. Toutefois, cette projection repose sur une diminution du taux d'épargne, actuellement élevé. Si les incertitudes politiques et économiques persistaient, ce taux pourrait se maintenir à son niveau de 17,8 %, freinant ainsi la reprise de la consommation.
Les perspectives économiques françaises pour 2025 sont marquées par des incertitudes politiques et des défis budgétaires majeurs. Le gouvernement doit trouver un équilibre entre redressement des comptes publics et soutien à l'économie, tout en limitant les impacts sur l'emploi et le pouvoir d'achat. L'OFCE appelle à la vigilance, notamment en matière de consommation des ménages, facteur clé pour stimuler la croissance dans les années à venir.