Travail gratuit, plus de précarité : les dangers du nouveau RSA

Plusieurs associations, dont le Secours catholique, alertent sur les dérives de la réforme du RSA, expérimentée dans plusieurs départements avant sa généralisation prévue en 2025. Elles dénoncent un risque de précarisation accrue pour les allocataires, notamment avec l’obligation de quinze heures d’activité hebdomadaires.

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Par Aurélien Delacroix Publié le 15 octobre 2024 à 13h00
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Upset young woman with empty wallet on lilac background - © Economie Matin
1,82 MILLION1,82 million d'allocataires sont concernés par la réforme du RSA.

Le Secours catholique, accompagné d'autres associations telles que Aequitaz, ATD Quart Monde ou encore la Ligue des droits de l'Homme, ont publié un rapport mettant en lumière les risques liés à la réforme du revenu de solidarité active (RSA). Cette réforme, inscrite dans la loi « plein emploi », impose aux allocataires du RSA de réaliser quinze heures d'activité hebdomadaires dans le cadre de « contrats d'engagement ». Expérimentée dans 47 départements, la généralisation du dispositif est prévue pour 2025.

Les associations s'inquiètent d'une précarisation accrue

Les associations dénoncent les effets négatifs que cette réforme pourrait avoir sur les 1,82 million d'allocataires concernés (soit 3,65 millions de personnes en incluant les familles). Elles pointent notamment « le risque de glissement vers le travail gratuit », ce qui pourrait éloigner les bénéficiaires de leur véritable « projet d'insertion », un processus pourtant central dans le cadre du RSA. Sophie Rigard, représentante du Secours catholique, souligne que cette réforme cible les personnes parmi les plus pauvres, et appelle à « prendre le temps » d'en évaluer les impacts avant toute généralisation.

La critique des associations va plus loin en dénonçant des « effets de mise en concurrence » entre les emplois publics et privés. Selon elles, cela pourrait entraîner une dégradation des conditions de travail et des rémunérations en France, tirant le marché de l'emploi « vers le bas ». En effet, l'obligation des quinze heures d'activité hebdomadaires pourrait créer une pression sur les travailleurs, notamment en raison des possibles sanctions, dont la suspension des allocations, en cas de non-respect des engagements.

Le « nouveau RSA » contesté par de nombreux acteurs sociaux

Le montant du RSA, fixé à 607,75 euros par mois pour une personne seule et 911,63 euros pour un couple sans enfants, est jugé insuffisant par les associations pour garantir un accompagnement réellement efficace et respectueux de l'autonomie des allocataires. Elles pointent également du doigt l'utilisation croissante des algorithmes pour orienter les bénéficiaires, ce qui risquerait d'accroître le taux de radiation des listes d'allocataires et de conduire à des « réalités contrastées » en termes de retour à l'emploi.

Le rapport des associations se veut un « premier bilan » non exhaustif de la réforme, basé sur les retours d'expérience des allocataires eux-mêmes, ainsi que sur les observations des professionnels de l'insertion et des données issues de France Travail. Ces premiers constats doivent servir à alerter le gouvernement sur les possibles dérives de ce nouveau dispositif avant la publication d'une évaluation officielle, commandée par le ministère du Travail, attendue avant la fin de l'année 2024.

Les associations réclament une « suspension » de la réforme dans l'attente de cette évaluation et invitent à réviser un système qui pourrait, selon elles, faire plus de mal que de bien aux personnes qu'il est censé aider.

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De formation économiste, Aurélien s'est spécialisé dans le domaine de la technologie, plus particulièrement dans l'émergence de l'intelligence artificielle et ses implications sociétales.

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