Sécurité sociale : le déficit va être encore pire que prévu

Le déficit de la Sécurité sociale va atteindre des sommets historiques en 2024, avec un trou budgétaire de 18 milliards d’euros. Un écart vertigineux, bien au-delà des prévisions initiales. Comment en est-on arrivé là et quelles solutions envisage le gouvernement ?

Grégoire Hernandez
Par Grégoire Hernandez Publié le 9 octobre 2024 à 17h15
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Sécurité sociale : le déficit va être encore pire que prévu - © Economie Matin
14,6 MILLIARDS €La branche maladie y contribue fortement, avec un trou estimé à 14,6 milliards d’euros, soit bien plus que les 11,4 milliards anticipés au printemps 2024.

Dérapage budgétaire : un déficit colossal

En 2024, le déficit de la Sécurité sociale atteindra 18 milliards d’euros, dépassant largement les 10,5 milliards initialement prévus. La branche maladie y contribue fortement, avec un trou estimé à 14,6 milliards d’euros, soit bien plus que les 11,4 milliards anticipés au printemps 2024. Ce déséquilibre est en grande partie lié à la forte inflation, qui a entraîné une augmentation inattendue des dépenses, notamment par la revalorisation des salaires hospitaliers et des prestations sociales. Les mesures économiques prévues pour contenir ce gouffre semblent insuffisantes, et l'effondrement des comptes sociaux continue de se creuser.

L’une des principales raisons de ce dérapage budgétaire réside dans un "choc inflationniste", comme l’a expliqué Pierre Pribile, directeur de la Sécurité sociale, lorsqu'il a été auditionné devant le Sénat. L'inflation a obligé l'État à revaloriser de nombreuses prestations sociales, notamment les retraites, les salaires des fonctionnaires hospitaliers et certaines petites pensions. Résultat : des dépenses imprévues qui pèsent lourdement sur la branche maladie, aggravant un déficit déjà critique. Ces ajustements ont, certes, permis de soutenir le pouvoir d’achat des ménages, mais à un coût énorme pour les finances publiques.

Sécurité sociale : le déficit à 20 milliards d'euros dans 4 ans ?

Pour tenter de juguler cette dérive, le gouvernement a pris des mesures d’économies drastiques. Parmi elles, le report de six mois de la revalorisation des retraites, qui pourrait économiser près de 4 milliards d’euros. D’autres solutions incluent une réduction des exonérations de cotisations pour les entreprises, ainsi que le transfert d’une partie des remboursements de consultations médicales vers les complémentaires santé. Une autre option en discussion serait de réduire la participation de l'Assurance maladie aux arrêts de travail, demandant aux entreprises et aux salariés de prendre en charge une partie des coûts.

Si le déficit est censé se résorber en 2025, avec une estimation de 15,7 milliards d’euros, la situation reste préoccupante pour les années à venir. Le ralentissement de l'inflation pourrait offrir un répit, mais d’ici à 2028, le déficit pourrait à nouveau se creuser et frôler les 20 milliards d’euros. La crise sanitaire et le vieillissement de la population continuent d’alourdir la facture, et malgré les réformes envisagées, la Sécurité sociale peine à trouver un modèle de financement pérenne.

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Grégoire Hernandez

Étudiant en école de journalisme. Journaliste chez Économie Matin depuis septembre 2023.

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