Moins de déchets, plus de recyclage : le message provenant de l’Union européenne est clair. Les pays et les entreprises doivent revoir leurs méthodes pour s’orienter vers l’économie circulaire d’ici 2050. Pour cela, l’UE réajuste sa législation sur la gestion des déchets, en établissant des objectifs ambitieux pour le recyclage et la réduction des mises en décharge, tout en s’attaquant aussi aux déchets d’emballage.
L’industrie de l’électronique est-elle prête à adopter celui de l’économie circulaire ?
Des nouvelles méthodes de fabrication
Souvent pointée du doigt avec ce modèle « linéaire » pouvant mener jusqu’à l’obsolescence programmée, l’électronique est l’un des domaines les plus attendus au tournant.
Les « e-déchets » atteignent des niveaux sans précédent : 62 millions de tonnes en 2022 contre 54 millions de tonnes en 2020. Chaque individu génèrerait en moyenne 7,8 kilogrammes de DEEE (déchets d’équipements électriques et électroniques) chaque année, ce chiffre en hausse de 82 % comparé à 2010. Les Français, quant à eux, jettent 22 kilos de DEEE chaque année. Seuls 22 % de ces déchets sont été correctement collectés et recyclés dans le monde en 2022.
Même si cette gestion concerne les actions des citoyens, l’économie circulaire s’immisce dans l’industrie électronique dans le but d’améliorer la gestion des déchets passant par la réutilisation des ressources afin de produire des matériaux ou de les transformer en sources d'énergie.
Et cela se joue dès l'étape de conception. Les fabricants d'appareils électroniques ont la possibilité d'adopter des méthodes et des outils pour réduire le gaspillage pendant le prototypage de nouveaux produits.
Parmi ces méthodes, le jumeau numérique et l’IA, se révèlent être des technologies complémentaires et prometteuses pour concevoir, tester et optimiser virtuellement des objets avant leur production réelle. Selon une étude de McKinsey, les jumeaux numériques permettent de réduire les délais de développement de 20 à 50 %, ainsi que les coûts, tout en augmentant les ventes de 5 %. Le marché des jumeaux numériques devrait croître de 60 % par an, pour atteindre 73,5 milliards de dollars d'ici 2027. En parallèle, selon Info Gouv, l’IA est utilisée pour améliorer la gestion des environnements de travail, notamment via la maintenance prédictive, qui permet de prévenir les dysfonctionnements et l’usure des machines de manière plus efficace.
Enjeux et perspectives
Malgré le fait que l’économie circulaire comporte de nombreux atouts, elle nécessite également du temps et des ressources financières que toutes les entreprises n’ont pas, et que les plans gouvernementaux de certains pays ne couvrent pas toujours.
Des critères ESG (Environnemental, Social, Gouvernance) ont été établis pour passer de la théorie à la pratique et sont devenus les fondements de l’économie circulaire que les organisations doivent adopter par le biais d’un engagement concret et soutenu. Le Corporate Sustainability Reporting témoigne de l’accélération des efforts de durabilité au sein des organisations grâce à la Directive sur la Durabilité des Entreprises (CSRD), qui impose aux grandes entreprises et sociétés cotées de publier dans un rapport de durabilité les risques sociaux et environnementaux et l'impact de leurs activités. Cette directive renforce les exigences de publication en matière de durabilité, en introduisant des normes européennes de reporting (ESRS) et en exigeant une vérification par un tiers indépendant pour garantir la transparence et la comparabilité des données environnementales, sociales et de gouvernance, dans le cadre du Pacte Vert pour une croissance durable.
Bien que les incitations et les avantages puissent encourager l’industrie de l’électronique dans leur transition écologique, cette transformation doit se faire indépendamment du soutien gouvernemental. Le rapport de durabilité inclut des études de cas montrant comment l'économie circulaire est devenue une opportunité pour les entreprises ayant adopté ce modèle afin d’encourager d’autres organisations à suivre cette voie.