L’action de l’éditeur de jeux vidéo français Ubisoft a connu une envolée spectaculaire à la Bourse de Paris, grimpant de 33 % après des rumeurs de rachat par Tencent, géant chinois de la technologie, et la famille Guillemot, fondatrice du groupe. Cette opération intervient dans un contexte de turbulences économiques et sociales pour l’entreprise.
Ubisoft en panique : un rachat par Tencent à l’horizon ?
Vendredi dernier, Ubisoft enregistrait une hausse spectaculaire de 33 % à la Bourse de Paris, suite à des informations faisant état d’un possible rachat de l’éditeur de jeux vidéo. Selon l’agence Bloomberg, Tencent et la famille Guillemot, actionnaires majeurs de l’entreprise, explorent diverses options, dont un retrait d’Ubisoft de la Bourse. Actuellement, Tencent détient près de 10 % du capital du groupe, tandis que la famille Guillemot en possède environ 15 %.
Une hausse de l'action Ubisoft en trompe l'œil
Cette soudaine remontée de l’action intervient après une longue période de dégringolade boursière, marquée par des reports de jeux attendus, comme le prochain volet de la série « Assassin’s Creed ». Les difficultés de l’entreprise ne se limitent pas à ce titre emblématique. D'autres jeux récents tels que « Avatar: Frontiers of Pandora », « Star Wars: Outlaws » ou encore « Prince of Persia: The Lost Crown » n’ont pas réussi à convaincre le public et ont enregistré des ventes en deçà des attentes.
Le chiffre d'affaires d’Ubisoft pour l'exercice 2024-2025 devrait chuter de 16 %, s’établissant autour de 1,95 milliard d'euros. Malgré ses 21.000 employés à travers le monde, Ubisoft semble en difficulté face à une concurrence qui a mieux su s'adapter aux changements du marché. Yves Guillemot, président-directeur général d’Ubisoft, a récemment annoncé une révision interne pour améliorer l'efficacité et satisfaire à la fois les joueurs et les actionnaires.
Parallèlement à ces défis financiers, Ubisoft est également confronté à des tensions internes. Plusieurs syndicats ont appelé à une grève de trois jours, à partir du 15 octobre, pour protester contre le retour en présentiel imposé par l’entreprise. Ce mouvement social s’ajoute à des polémiques plus anciennes autour de la culture d’entreprise, marquée par des accusations de harcèlement qui avaient éclaté en 2020.
Le rôle central de Tencent et la famille Guillemot
Sur le plan stratégique, le rachat potentiel d'Ubisoft s’inscrit dans une tendance de consolidation de l'industrie des jeux vidéo, illustrée notamment par le rachat historique d’Activision Blizzard par Microsoft en 2023 pour 69 milliards de dollars. Dans ce contexte, Ubisoft apparaît comme une cible attrayante, malgré ses difficultés. Le groupe reste l'un des plus importants éditeurs mondiaux et dispose d’un catalogue de jeux fructueux, comme « Assassin’s Creed », qui continue de générer des revenus significatifs même après plusieurs années de commercialisation.
L’éventuelle sortie de la Bourse pourrait permettre à Ubisoft de se restructurer loin de la pression des marchés financiers. Selon certains observateurs, ce retrait faciliterait également une meilleure coopération entre la famille Guillemot et Tencent, permettant à l'éditeur de retrouver une stabilité économique.
Le groupe Tencent, déjà actionnaire d’Ubisoft depuis 2018, est devenu un acteur incontournable dans cette potentielle opération. Bien que limité à un maximum de 9,99 % du capital d'Ubisoft en vertu d'un accord avec la famille Guillemot, Tencent pourrait jouer un rôle clé dans l'avenir de l’entreprise, notamment par un rachat en collaboration avec les fondateurs d'Ubisoft. Une telle transaction permettrait à Ubisoft de se recentrer sur son cœur de métier et de naviguer plus sereinement dans un secteur en pleine transformation.