Retraite : vous n’aurez pas l’augmentation promise

L’annonce vient de tomber : l’indexation des retraites sur l’inflation, prévue chaque année en janvier, sera décalée de six mois en 2025. Cette mesure, qui s’inscrit dans une stratégie gouvernementale d’économies budgétaires, permettra à l’État d’économiser 3 milliards d’euros. Mais que signifie réellement ce report pour les retraités ? Voici les détails de cette décision qui va impacter le pouvoir d’achat de millions de personnes.

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Par Grégoire Hernandez Publié le 2 octobre 2024 à 14h30
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Retraite : vous n’aurez pas l’augmentation promise - © Economie Matin

Les raisons du report de la revalorisation des retraites

Le gouvernement a annoncé le report de la revalorisation des retraites de base, habituellement effectuée en janvier, au 1ᵉʳ juillet 2025. L'objectif est toujours de réduire drastiquement les dépenses publiques. En effet, le projet de loi de finances pour 2025 vise à réduire le déficit public à 5 % du PIB, contre 6,1 % en 2024. Pour atteindre cet objectif, 60 milliards d'euros d’économies sont prévus (40 milliards d'économies et 20 milliards d'impôts nouveaux), dont 3 milliards grâce à ce report. Selon le Premier ministre Michel Barnier, l'objectif est d'assainir les finances de l'État sans pour autant "geler" les pensions. D'un point de vue technique, cette mesure repose sur le fait que les pensions sont indexées chaque année sur l’inflation. En reportant cette indexation de six mois, l'État économise sur le coût de la vie des retraités, tout en évitant un gel complet des pensions. Cette décision est ainsi présentée comme un compromis entre la nécessité de maîtriser les finances publiques et le refus de pénaliser trop lourdement les retraités.

Le report de l'indexation des retraites a des conséquences directes sur le pouvoir d'achat des retraités. En effet, Bercy a confirmé que cette revalorisation ne sera pas rétroactive. Cela signifie que les retraités ne bénéficieront pas de la hausse de leurs pensions entre janvier et juin 2025, créant ainsi une perte de pouvoir d'achat pour les 17 millions de personnes concernées. La revalorisation elle-même sera également potentiellement plus faible. Initialement, la hausse prévue pour janvier 2025 aurait pu atteindre 2,3 % ou 2,4 %, selon les calculs de la CFDT retraités. Cependant, avec ce décalage, le mois de référence pour le calcul de l'inflation passe d'octobre 2024 à mai 2025. Or, l'inflation connaît actuellement un ralentissement, et la revalorisation pourrait n’atteindre qu'environ 1,8 %, d'après les prévisions du ministère de l’Économie. Un réel coup dur pour les retraités.

Pourquoi le gouvernement Barnier opte pour ce "simple" report ?

Face à la pression croissante sur le budget de l'État, le gouvernement Barnier a préféré un décalage de six mois plutôt qu'un gel total des pensions, afin de réduire les risques de contestation. Certains économistes prônaient un gel d’un an des pensions, en prenant en compte que le niveau de vie des retraités est souvent supérieur à celui des actifs. Emmanuel Macron, lors de sa conférence de presse en juin 2024, s'était engagé à indexer les retraites sur l'inflation, et les partis de droite avaient également exprimé leur opposition à toute baisse des pensions. Ce report apparaît donc comme une solution "intermédiaire" qui pourrait satisfaire à la fois les contraintes budgétaires et les engagements politiques. Le report de l'indexation des retraites n’est pas une nouveauté. C'est une "technique bien connue des budgétaires" pour maîtriser les finances publiques, rappelle François Lenglet, chef du service économie de TF1. Toutefois, il est important de noter que cette mesure ne concerne que les retraites de base. Les autres prestations sociales, telles que les allocations familiales ou le RSA, ne devraient pas être touchées par cette décision.

L'État cherche en toute logique à réduire le déficit tout en évitant des mouvements sociaux trop virulents. Cependant, ce report pourrait être mal perçu par les retraités et relancer le débat sur leur niveau de vie. En effet, bien que le niveau de vie des retraités soit, en moyenne, plus élevé que celui des actifs, leur pouvoir d’achat est fragilisé par les hausses de prix. À l'Assemblée, cette mesure devrait susciter de vifs débats et des critiques de la part des oppositions qui y voient une atteinte aux droits des retraités. En parallèle, l’annonce d’une revalorisation du SMIC de deux mois n’a pas suffi à calmer les inquiétudes liées au pouvoir d’achat. Dans ce contexte, la mesure risque d'alimenter un sentiment de mécontentement chez les retraités, qui auront l’impression de ne pas recevoir l'augmentation de pension qui leur avait été promise.

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Étudiant en école de journalisme. Journaliste chez Économie Matin depuis septembre 2023.

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