Voitures : les vols de pièces détachées explosent ces derniers mois

Les vols de pièces détachées automobiles se multiplient et touchent tout le pays. Une réalité qui ne cesse de croître, alimentée par l’inflation et la pénurie de pièces neuves. Phares, roues, rétroviseurs : tout se revend à des prix attractifs sur le marché noir, laissant les propriétaires désemparés.

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Par Grégoire Hernandez Publié le 2 octobre 2024 à 10h00
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Voitures : les vols de pièces détachées explosent ces derniers mois - © Economie Matin
6 %Les assureurs répercutent le coût de ces vols sur les primes d'assurance auto, qui pourraient augmenter de 4 à 6 % en 2025, selon le cabinet spécialisé Facts & Figures.

Vols de pièces détachées : les chiffres alarmants d’une hausse fulgurante

Les vols de pièces détachées sont en constante augmentation. Selon les chiffres du ministère de l'Intérieur, les vols d’accessoires sur véhicules ont grimpé de 11 % en août 2024, déjà après une hausse constatée de 13 % en juillet 2024. À certains endroits, cette envolée est encore plus dramatique : en Île-de-France, les commissariats enregistrent une augmentation de 50 % des vols depuis le 1ᵉʳ septembre 2024 ! Un phénomène qui s’étend dans tout le pays, y compris dans les zones rurales.
Les voleurs se concentrent principalement sur les voitures les plus répandues. La Clio V de Renault, voiture la plus vendue en France en 2023, est la cible privilégiée des malfaiteurs. Mais d’autres modèles populaires, comme les Peugeot 208, 2008 et Citroën C3, subissent le même sort. Les pièces sont en effet faciles à démonter, ce qui permet aux voleurs d’agir rapidement. Et sur le marché noir, elles se revendent « comme des petits pains », avec des prix défiant ceux des concessionnaires. Un phare avant de Clio, par exemple, se négocie autour de 150 euros sur le marché illégal, contre 990 euros en neuf selon Le Parisien.

Les modes opératoires des voleurs deviennent de plus en plus sophistiqués. Sur une caméra de surveillance, on peut voir des équipes de deux ou trois individus s'attaquer à un véhicule en moins de 10 minutes. Ils opèrent souvent la nuit, profitant de l'obscurité et de l'absence de témoins.  Les pièces volées se retrouvent ensuite sur le darknet, via des boucles Telegram ou même sur des sites d'annonces classiques comme Leboncoin. Les acheteurs se montrent généralement peu regardants sur l'origine des pièces, certains allant même jusqu'à passer commande pour des pièces spécifiques, en particulier pour des voitures de luxe où les pièces neuves coûtent une fortuneLe Parisien rapporte que les voleurs peuvent empocher entre 5 000 et 10 000 euros en une seule nuit.

Quelles sont les solutions envisagées ?

Malheureusement, le vol de pièces détachées répond à une logique d’offre et de demande sur le marché parallèle. Avec la pénurie de pièces liée à la crise du Covid-19 et l'augmentation des prix, les délais pour obtenir des pièces neuves se sont allongés. Un automobiliste pressé de réparer sa voiture peut alors être tenté de se tourner vers le marché de l'occasion, parfois douteux. « Quand vous avez un garage qui vous dit qu’il va falloir attendre plus d’un mois pour avoir la pièce, et que vous allez sur Leboncoin et qu’il y en a plein, le choix est vite fait… », déplore au Parisien Pierre Chasseray, président de l’association 40 millions d’automobilistes.
Les conséquences ne se limitent pas aux propriétaires de voitures volées. Les assureurs répercutent le coût de ces vols sur les primes d'assurance auto, qui pourraient augmenter de 4 à 6 % en 2025, selon le cabinet spécialisé Facts & Figures. Un cercle vicieux s’installe : les pièces détachées neuves deviennent de plus en plus chères, estimée à 9 % en hausse en 2024, le marché noir se développe, les vols se multiplient… Et au final, l’automobiliste honnête doit assumer des coûts toujours plus élevés.

Face à cette situation, certaines entreprises et experts recommandent des solutions pour freiner ces vols. L'une d'elles est le Vehicle Identification Number (VIN), un code unique à 17 caractères propre à chaque véhicule. Les spécialistes recommandent de graver ce numéro sur les pièces facilement volables, comme les rétroviseurs ou les phares. Cette pratique rend la revente des pièces plus difficile et pourrait dissuader les voleurs.
Cependant, aucune méthode n'est infaillible à 100 %. Pour les propriétaires, la vigilance reste de mise : stationner dans des lieux bien éclairés, équiper sa voiture de systèmes d'alarme ou encore installer des dispositifs antivols sur les roues. En attendant, les automobilistes sont invités à déclarer tout vol à la police et à leur assurance pour limiter les pertes.

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Étudiant en école de journalisme. Journaliste chez Économie Matin depuis septembre 2023.

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