Les livreurs sont-ils payés moins que le SMIC ?

Les livreurs indépendants des plateformes telles que Deliveroo, Uber Eats ou Stuart sont de plus en plus nombreux à toucher un revenu horaire en dessous du SMIC. En cause, des attentes interminables entre deux commandes et des frais qui grignotent leur rémunération.

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Par Grégoire Hernandez Publié le 2 octobre 2024 à 9h00
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Les livreurs sont-ils payés moins que le SMIC ? - © Economie Matin
11,75 EUROSLes plateformes de livraison ont été contraintes de fixer un revenu minimal horaire depuis 2023. Celui-ci s’élève à 11,75 euros brut.

L'attente entre les commandes fait baisser la rémunération des livreurs !

Selon l’enquête de l’Autorité des relations sociales des plateformes d'emploi (ARPE), qui a été consultée par l'AFP le 2 octobre 2024, le revenu moyen des livreurs diminue depuis 2021, quel que soit le service utilisé. Les chiffres parlent d'eux-mêmes : en 2023, Deliveroo affiche un revenu horaire brut de 16,80 euros et Delicity, 14 euros. Cependant, Uber Eats et Stuart se situent bien en dessous, à respectivement 10,10 euros et 11,30 euros. Des montants inférieurs au SMIC horaire fixé à 11,65 euros brut.
« Cette tendance trouve écho dans les témoignages des livreurs recueillis par l'ARPE lors de rencontres sur le terrain en mai 2024, au cours desquelles ils ont exprimé leur inquiétude quant à la diminution de leurs revenus », affirme l’autorité dans son étude. Les livreurs doivent également supporter les coûts liés à leur activité : achat et entretien du véhicule, assurance et cotisations sociales. Le statut d'autoentrepreneur accentue clairement leur précarité.

Un des aspects souvent négligés est le temps d'attente entre les commandes. Selon l’ARPE, les revenus horaires sont calculés en combinant les temps de prestation et d'attente, en constante augmentation entre 2022 et 2023. Si le livreur espère atteindre le revenu moyen estimé par les plateformes, il doit accepter toutes les commandes sans exception. Or, chaque minute passée à attendre représente une perte de revenus potentiels. Pour certains, ces périodes d'inactivité sont si fréquentes qu'elles réduisent drastiquement leur rémunération horaire. Un livreur témoigne : « Entre les attentes, les coûts et la baisse des tarifs, c’est de plus en plus difficile de gagner un revenu décent ».

Les chauffeurs VTC un peu mieux lotis

Face à ces différents problèmes, les plateformes de livraison ont été contraintes de fixer un revenu minimal horaire depuis 2023. Celui-ci s’élève à 11,75 euros brut, légèrement au-dessus du SMIC. Cependant, ces mesures sont-elles suffisantes pour assurer un niveau de vie convenable aux livreurs ? L’ARPE indique que la précarité demeure, car ce montant ne tient pas compte des dépenses annexes qui pèsent sur le budget des livreurs. Les syndicats réclament des améliorations supplémentaires, tandis que les plateformes assurent un dialogue ouvert. « C’est un sujet qui doit questionner les partenaires », estime Joël Blondel, directeur général de l’ARPE.

L’étude de l'ARPE ne se limite pas aux livreurs. Les chauffeurs de véhicules de tourisme avec chauffeur (VTC) connaissent également des variations importantes de revenus selon les plateformes. En 2023, les revenus horaires ont baissé chez Freenow et Heetch, tandis qu’ils sont restés stables chez Uber et Bolt, sans suivre l’inflation. Quelques services premium, comme Caocao ou Allocab, ont augmenté leur rémunération.
En décembre 2023, les plateformes VTC ont conclu des accords avec les chauffeurs pour valoriser leurs revenus, introduisant des tarifs minimums de neuf euros par course, un euro par kilomètre parcouru et 30 euros par heure d'activité. Malgré ces progrès, le chemin reste encore long pour parvenir à un équilibre économique satisfaisant pour ces travailleurs indépendants.

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Étudiant en école de journalisme. Journaliste chez Économie Matin depuis septembre 2023.

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