Crise dans l’industrie de la charcuterie : les prix vont augmenter

Confrontée à des pertes financières croissantes, l’industrie française de la charcuterie est contrainte d’augmenter ses prix pour rester à flot. Près d’un tiers des entreprises du secteur sont dans le rouge, un chiffre qui ne cesse de croître. Alors que les négociations commerciales avec la grande distribution s’intensifient, les industriels alertent sur l’urgence d’un soutien pour maintenir leur compétitivité.

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Par Aurélien Delacroix Publié le 2 octobre 2024 à 11h30
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Smiling experienced aged butcher working behind counter in butchery, showing fresh raw veal sirloin - © Economie Matin
0,9%L'an dernier, la marge nette des entreprises de charcuterie s’établissait à 0,9 % du chiffre d’affaires.

L’industrie de la charcuterie française traverse une crise financière sans précédent, avec des pertes qui se multiplient d'année en année. Selon une étude menée par la Banque de France, environ 30 % des entreprises du secteur ont terminé l’année 2023 avec un bilan déficitaire, contre 25 % en 2022.

Marges érodées et investissements en recul pour la charcuterie française

Ces chiffres alarmants confirment une tendance lourde, qui ne semble pas prête de s'inverser en 2024, comme le souligne la Fédération des entreprises françaises de charcuterie traiteur (Fict). L’organisation, qui représente des acteurs majeurs comme Herta, Fleury Michon et Aoste, demande une révision des tarifs afin de permettre aux industriels de retrouver une certaine marge de manœuvre.

« Il faut que nos entreprises puissent sortir du rouge », alerte Christiane Lambert, présidente de la Fict. Pour elle, la survie des entreprises de charcuterie est cruciale non seulement pour les industriels, mais aussi pour l'ensemble de la filière porcine, sachant que 75 % des porcs français sont transformés en charcuterie. Cette situation a un impact direct sur 32.000 emplois en France.

La rentabilité de l’industrie de la charcuterie s’effondre, et ce malgré une demande toujours présente. En 2023, la marge nette des entreprises de charcuterie s’établit à seulement 0,9 % du chiffre d’affaires, bien en dessous de la moyenne de 2,3 % observée dans le secteur agroalimentaire. Cette chute de la rentabilité est principalement due à l’incapacité des entreprises à répercuter les hausses des coûts de production sur les prix de vente, notamment en raison de la montée des prix de l’énergie, du porc et des salaires.

Les distributeurs appelés à faire un geste

La trésorerie des entreprises de charcuterie s'est également dégradée en 2023, avec une réserve équivalente à seulement quinze jours de chiffre d'affaires, contre un mois l’année précédente. Cette contraction financière a un impact direct sur les capacités d'investissement, en recul de 33 % par rapport à 2021. « Si les entreprises de charcuterie ne parviennent pas à se moderniser, elles risquent de perdre leur place face aux produits importés, ce qui serait catastrophique pour la filière porcine française », souligne la Fict.

Dans ce contexte difficile, les négociations commerciales entre les industriels et les enseignes de la grande distribution s'annoncent tendues. La Fict appelle les distributeurs à faire un effort sur les prix pour permettre aux entreprises de charcuterie de retrouver un peu d’air. « La charcuterie est la meilleure source de marge pour les grandes surfaces, avec un taux de marge nette six fois supérieur à la moyenne des autres rayons », rappelle l’interprofession Inaporc.

En 2022, la marge nette générée par le rayon charcuterie a atteint près de 600 millions d’euros, contre 400 millions en 2020, selon l’Observatoire des prix et des marges. Pourtant, les entreprises de charcuterie peinent à répercuter cette rentabilité sur leur propre santé financière. La Fict demande également que les entreprises du secteur soient exclues des négociations menées par les centrales d'achat européennes, qui risquent de fragiliser encore davantage les PME françaises.

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De formation économiste, Aurélien s'est spécialisé dans le domaine de la technologie, plus particulièrement dans l'émergence de l'intelligence artificielle et ses implications sociétales.

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