Banques : bientôt la fin d’Apple Pay, de PayPal et des IBAN ?

Des fonctionnalités pensées pour faciliter la vie

Une structure dans laquelle ont investi 16 actionnaires européens issus du milieu bancaire, regroupés sous le consortium European Payments Initiative (EPI), lance Wero, leur solution de paiement instantané destinée à contrer les géants américains du secteur. BNP Paribas, BPCE (Banque Populaire Caisse d’Épargne), Crédit Agricole, Crédit Mutuel Alliance Fédérale, Crédit Mutuel Arkéa, La Banque Postale et Société Générale font partie de ses membres fondateurs, ainsi que toutes leurs filiales. Conçue comme le successeur de Paylib, Wero promet des virements simples et rapides, accessibles avec un numéro de téléphone, une adresse e-mail ou un pseudonyme. Oubliez les interminables IBAN : avec Wero, tout se fait en quelques clics, gratuitement et sans effort. « L’idée est de construire une alternative aux solutions internationales de paiement afin d’offrir aux acteurs et consommateurs européens un choix européen, » déclare Martina Weimert, directrice générale d’EPI.

Dès son lancement, Wero offrira la possibilité de demander des sommes d’argent via notification ou de générer un QR code pour recevoir des paiements. À terme, les banques prévoient d’étendre l'utilisation de l'application au paiement sur internet et dans les magasins physiques. Wero sera accessible directement depuis l'appli bancaire de l'utilisateur (sauf pour La Banque Postale, qui aura sa propre appli). Le service sera gratuit, mais les banques pourraient compenser en augmentant les frais de compte. Pour les paiements en magasin, Wero utilise deux technologies : le QR code, idéal pour les petits commerçants sans terminal, et le NFC, comme Apple Pay, pour payer avec un smartphone. La simplicité et la rapidité d'utilisation de Wero pourraient bien séduire les consommateurs en quête de solutions de paiement adaptées aux besoins modernes.

Un déploiement progressif dans les banques jusqu'en 2028

Le lancement de Wero dépasse la simple facilité de paiement. Il s’agit d’une démarche stratégique de l’Europe pour reprendre le contrôle du marché des transactions numériques, dominé jusqu’ici par des acteurs américains comme PayPal, Visa et Apple Pay. Outre la question de la souveraineté numérique et de la sécurité des données personnelles, les banques européennes visent à réduire les coûts pour les commerçants en proposant des tarifs plus compétitifs. « Depuis une vingtaine d’années, elles sont attaquées de toutes parts dans le domaine des paiements. C’est un marché générant 2200 milliards de dollars de revenus par an au niveau mondial et qui est désormais très fragmenté avec beaucoup de nouveaux acteurs, souligne au Figaro Julien Maldonato, associé chez Deloitte. En 2023, les virements instantanés, encore payants dans la plupart des banques, représentaient déjà plus de 6 % des transactions en France, selon la Banque de France. Les établissements bancaires n’ont d’autre choix que de le généraliser et de le rendre gratuit l’an prochain, réglementation européenne oblige.

Les premiers services Wero sont en cours de déploiement chez les principales banques françaises depuis septembre 2024. Paylib sera progressivement remplacé jusqu'à sa disparition en mars 2025. Wero continuera d’évoluer : l’intégration du paiement en ligne est prévue pour 2025, suivie du paiement dans les commerces physiques en 2026. L’objectif final ? Remplacer des solutions comme Apple Pay d'ici à 2027-2028. Les banques misent sur une adoption massive de Wero pour faire face à la possible arrivée de l’euro numérique par la BCE en 2028. La compétition ne fait que commencer.