Favorisé par la réforme de 2018, l’apprentissage séduit de plus en plus d’aspirants artisans, d’après le dernier baromètre ISM-MAAF. Plus diplômée, plus féminisée et aux parcours plus divers, cette nouvelle génération d’apprentis va, dès maintenant et dans les années à venir, fortement contribuer au dynamisme de territoires où les artisans peinaient parfois à recruter.
Baromètre ISM-MAAF : l’artisanat, un levier clé pour revitaliser les territoires ruraux !
L’apprentissage a la cote, et ce ne sont pas les artisans qui s’en plaindront. Amorcée depuis plusieurs années, cette tendance semble se confirmer, si l’on en croit la dernière édition du baromètre ISM (Institut supérieur des métiers)-MAAF. Dévoilée début septembre, l’étude révèle en effet qu’en France le nombre d’apprentis en entreprises artisanales a, à nouveau, crû de +5 % au terme de l’année scolaire 2022-2023. Une hausse bienvenue, qui s’inscrit dans une dynamique plus large, initiée depuis la réforme de l’apprentissage adoptée en 2018, année depuis laquelle le nombre d’apprentis-artisans a augmenté de +36 %.
203 570 : c’est donc le nombre total d’apprentis qui, l’année dernière, ont choisi de poursuivre leur formation au sein d’une entreprise artisanale de moins de 20 salariés. Toujours d’après le baromètre ISM-MAAF, ce succès de l’apprentissage dans l’artisanat est principalement dû à l’artisanat des services (+9%) et de la fabrication (+8%). « L’apprentissage dans l’artisanat poursuit d’année en année sa belle dynamique », s’est à l’occasion de la publication de ces résultats félicité Antoine Ermeneux, directeur général de MAAF, selon qui « ces chiffres permettent de souligner l’attractivité de l’artisanat auprès des jeunes et la volonté tenace des petites entreprises de s’engager à leur côté pour transmettre leurs savoirs ».
Plus diplomés, plus diversifiés : portrait d’une nouvelle génération d’apprentis
En somme, c’est toute une nouvelle génération d’apprentis qui s’est découvert une vocation et s’est levée pour grossir les rangs de l’artisanat français. Une nouvelle génération aux parcours plus divers et aux diplômes plus élevés que la précédente, d’après le baromètre ISM-MAAF, selon lequel le nombre d’apprentis de l’artisanat préparant un diplôme de l’enseignement supérieur a plus que doublé (+126%) depuis 2018-2019. De même, près d’un apprenti sur cinq (18%) préparerait aujourd’hui un diplôme post-Bac, contre 11 % seulement avant la réforme de 2018. Faut-il y voir une conséquence de la féminisation croissante de l’apprentissage, plus de la moitié des futurs pâtissiers étant, aujourd’hui… des pâtissières ?
Plus diplômés, les apprentis-artisans d’aujourd’hui peuvent également se targuer d’une plus grande diversité de parcours que leurs aînés. Toujours selon le baromètre ISM-MAAF, les profils d’apprentis sont désormais plus âgés, la part des moins de 18 ans étant passée de 47 % en 2018-2019 à 42 % de nos jours. L’apprentissage attire également davantage les personnes en réorientation ou en reconversion professionnelle : la part des apprentis en provenance de l’emploi ou en recherche d’emploi a ainsi triplé en quelques années, passant de 2 % à 6 %. Un succès dopé par l’attractivité, pour les jeunes adultes en reconversion, des métiers de service (coiffure, ambulance, fleuristerie), de la pâtisserie ou encore du bois (charpente, menuiserie).
Le boom de l’apprentissage, une chance pour les territoires
C’est (l’autre) bonne nouvelle de ce baromètre ISM-MAAF : plus d’apprentis, cela signifie, mécaniquement, moins de demandeurs d’emploi, 70 % des apprentis étant employés six mois après l’obtention de leur diplôme (contre 64 % en 2018) ; mais cela a, aussi et surtout, un impact significatif et positif sur les problématiques de recrutement auxquelles font face bon nombre d’artisans. Et ce, aux quatre coins de l’Hexagone, les régions Nouvelle-Aquitaine et Bourgogne-Franche-Comté étant celles où le nombre d’apprentis-artisans a, avec une hausse de +7 %, le plus augmenté en 2022-2023.
Autrement dit, le boom de l’apprentissage profite d’abord et avant tout aux territoires ruraux : là où le chômage des jeunes est le plus élevé, là où les petits artisans ont le plus de mal à recruter, là où les petites entreprises de l’artisanat sont absolument vitales pour dynamiser des territoires bien souvent oubliés des politiques publiques. L’arrivée de cette nouvelle génération d’apprentis-artisans qui apprend, dans les territoires, les métiers réellement utiles aux populations vivant dans leur bassin d’emploi est un signe d’espoir pour des régions entières. Car les apprentis d’aujourd’hui seront les artisans des territoires de demain, mais aussi les futurs ménages, parents et citoyens qui donneront ou redonneront vie à ces régions françaises.