Titres-restaurant : les restaurateurs en ont marre que vous fassiez les courses avec

Depuis août 2022, les titres-restaurant peuvent être utilisés pour l’achat de produits non immédiatement consommables dans les grandes surfaces alimentaires, tels que des pâtes ou du riz. Cette mesure, qui devait être temporaire pour soutenir le pouvoir d’achat des ménages en période d’inflation et de Covid-19, a été prolongée jusqu’à la fin de 2024. Et il y a des chances pour qu’elle soit pérennisée.

Paolo Garoscio
Par Paolo Garoscio Publié le 20 septembre 2024 à 6h25
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25 EUROSLidl a fixé une limite de 25 euros par jour pour les titres-restaurant

Cependant, les acteurs de la restauration, représentés par le Syndicat National de l'Alimentation et de la Restauration Rapide (SNARR), s’inquiètent de cette déviation progressive du titre-restaurant de son usage d'origine, et réclament un retour à une utilisation limitée aux repas en restauration dès janvier 2025.

L’élargissement des usages des titres-restaurant : une perte pour les restaurateurs

Le titre-restaurant, conçu pour permettre aux salariés de se restaurer, a vu son champ d’application s’élargir face à la crise inflationniste. Les grandes et moyennes surfaces (GMS) en ont tiré profit, captant près de 1 milliard d’euros en transactions liées aux titres-restaurant en 2023.

D’après le Conseil National des Titres-Restaurant (CNTR), les GMS représentaient 30,8% des flux financiers du marché des titres-restaurant à la fin du second trimestre 2024. Cette situation pénalise les restaurateurs, bouchers et traiteurs qui perdent une part de ce marché.

Les restaurateurs ne veulent plus permettre de faire les courses avec les titres-restaurant

Le SNARR appelle à recentrer l’usage des titres-restaurant sur les seuls repas pris en restauration. Selon Romain Girard, président du syndicat, "le titre-restaurant se transforme en chèque en blanc". Alors que l’inflation alimentaire a baissé à moins de 2 % en 2023, les restaurateurs estiment qu’il est nécessaire de revenir à l’usage initial des titres, axé sur la consommation immédiate de repas. « Initialement pensé pour fournir une solution aux salariés pour se restaurer, il se transforme progressivement en un chèque en blanc. Si le contexte inflationniste pouvait justifier l'élargissement de son champ d'action, il devient maintenant crucial de le recentrer », souligne le président du SNARR.

De plus, le SNARR dénonce les hausses injustifiées des commissions des émetteurs de titres-restaurant, qui pèsent lourdement sur les marges des établissements. Entre 2022 et 2023, ces commissions ont grimpé de 33% pour les titres papier et de 21,6% pour les cartes, poussant certains restaurateurs à refuser ce mode de paiement.

Conséquences sur le pouvoir d’achat des ménages

Si cette réforme est mise en œuvre, les ménages verront leurs possibilités d’usage des titres-restaurant restreintes, ce qui pourrait avoir un impact sur leur pouvoir d’achat. Le plafonnement actuel, fixé à 25 euros par jour, limite déjà leur utilisation.

Un retour à une utilisation exclusive en restauration pourrait affecter les budgets alimentaires des foyers qui bénéficient actuellement de cette flexibilité pour acheter des produits de première nécessité dans les GMS. Une décision qui serait catastrophique alors qu’un tiers des parents en France se privent de nourriture pour permettre à leurs enfants de se nourrir.

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Paolo Garoscio

Après son Master de Philosophie, Paolo Garoscio s'est tourné vers la communication et le journalisme. Il rejoint l'équipe d'EconomieMatin en 2013.   Suivez-le sur Twitter : @PaoloGaroscio

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