Ile-de-France : Un enfant sur cinq vit sous le seuil de pauvreté

La situation sanitaire des enfants en Île-de-France est marquée par des inégalités criantes qui touchent les plus vulnérables. En dépit des efforts régionaux pour réduire ces disparités, les chiffres sont implacables et la santé des jeunes générations, particulièrement dans les territoires les plus pauvres, se détériore.

Paolo Garoscio
Par Paolo Garoscio Publié le 18 septembre 2024 à 11h30
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Ile-de-France : Un enfant sur cinq vit sous le seuil de pauvreté - © Economie Matin
15%Entre 2015 et 2020, la prévalence du diabète chez les moins de 14 ans a augmenté de 15% dans les territoires défavorisés.

Pauvreté et santé : 21 % d’enfants pauvres en Ile-de-France

En Île-de-France, selon l’étude publiée par l’observatoire régional de santé d’Ile-de-France, plus d’un enfant sur cinq vit sous le seuil de pauvreté, avec des disparités encore plus marquées dans certaines communes, où ce taux atteint un sur trois. La pauvreté constitue un facteur de risque pour la santé des enfants, indépendamment du statut social de leurs parents. Les territoires pauvres sont fortement touchés par la mortalité infantile, qui a considérablement augmenté ces dix dernières années, en particulier lors de la première semaine de vie. Les enfants de ces zones présentent un risque quatre fois plus élevé de décès par rapport à ceux des communes plus riches.

« 4,1 pour mille de taux de mortalité infantile en 2022. Une augmentation jamais observée depuis 20 ans et un écart qui se creuse avec le taux national. Le surrisque de mortalité des 0-1 an est de quatre fois supérieur dans les territoires les plus pauvres », écrit l’étude.

Enfants : des inégalités de santé dès la naissance

Les enfants des territoires défavorisés sont confrontés à des problèmes de santé dès la naissance. Les taux de prématurité et de faible poids à la naissance sont plus élevés dans ces zones. Par ailleurs, on observe une proportion importante de nouveau-nés dépassant les 4 kg, un facteur souvent lié à des complications lors de l'accouchement.

L’une des conséquences les plus frappantes de la pauvreté sur la santé des enfants est le recours inégal aux soins. Dans les territoires pauvres, les enfants consultent moins les médecins pour des soins de prévention ou spécialisés, tels que les pédiatres, les ophtalmologues ou les dentistes. À l’inverse, ils se retrouvent plus souvent aux urgences, ce qui témoigne d’un retard dans la prise en charge de pathologies qui auraient pu être détectées et soignées plus tôt.

En Île-de-France, l’offre de soins est également très concentrée dans les zones plus aisées, notamment à Paris et dans sa proche banlieue. De nombreux spécialistes y exercent en secteur 2, ce qui signifie que leurs consultations sont souvent assorties de dépassements d’honoraires, rendant l’accès aux soins encore plus difficile pour les familles précaires.

La santé bucco-dentaire et visuelle, des marqueurs préoccupants

La situation sanitaire des enfants se détériore aussi au niveau de la santé bucco-dentaire. Dans les zones urbaines sensibles, « près d’un enfant sur deux scolarisé en zone urbaine sensible (niveau CM2) a au moins une dent cariée non soignée (versus 33 % hors- ZUS) ». Ce chiffre est révélateur d’un manque de suivi et de prévention en matière de soins dentaires dans ces territoires. De même, les troubles de la vision sont particulièrement fréquents, avec 14 % des enfants des quartiers pauvres souffrant de problèmes de vue sans être équipés de lunettes, un chiffre deux fois plus élevé que dans les communes plus favorisées.

Outre les problèmes immédiats liés aux conditions de vie, la pauvreté entraîne une prévalence accrue des maladies chroniques chez les enfants. Entre 2015 et 2020, la prévalence du diabète chez les moins de 14 ans a augmenté de 15% dans les territoires défavorisés. De plus, l'obésité touche un enfant sur cinq dans ces zones, un taux alarmant qui reflète à la fois des conditions de vie difficiles et une mauvaise alimentation. Les enfants des quartiers pauvres sont également plus nombreux à souffrir d'asthme et de troubles de santé mentale, en particulier les garçons, avec une prévalence élevée de l’autisme dans certains départements comme le Val-d’Oise.

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Paolo Garoscio

Après son Master de Philosophie, Paolo Garoscio s'est tourné vers la communication et le journalisme. Il rejoint l'équipe d'EconomieMatin en 2013.   Suivez-le sur Twitter : @PaoloGaroscio

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