Les théories du complot, qu’il s’agisse des fausses idées sur l’alunissage ou des rumeurs autour des vaccins Covid-19, peuvent avoir des conséquences graves. Cependant, une nouvelle étude révèle que l’intelligence artificielle (IA) est en mesure de diminuer ces croyances, en encourageant la pensée critique et en fournissant des arguments adaptés à chaque individu.
Théories du complot : l’intelligence artificielle, un outil de persuasion prometteur
Théories du complot : l’IA permet une diminution d’adhésion non négligeable
Pendant longtemps, il a été admis que les individus croyant aux théories du complot étaient très peu susceptibles de changer d'avis, malgré les preuves présentées. Selon cette perspective, ces croyances répondraient à des besoins psychologiques comme le désir de contrôle. Pourtant, une étude menée par Dr Thomas Costello et ses collègues, et dont les résultats viennent d’être publiés dans la revue Science, bouleverse cette idée reçue. En effet, ils montrent que discuter avec une IA peut amener les complotistes à reconsidérer leurs croyances, voire à les abandonner.
L'étude a été menée sur 2.190 participants qui adhéraient à différentes théories du complot. Ces derniers ont d'abord expliqué en détail la théorie qu'ils croyaient vraie ainsi que les preuves qu'ils estimaient la soutenir. Ensuite, une IA nommée « DebunkBot » a interagi avec eux dans une série de trois échanges, offrant des contre-arguments personnalisés et factuels. À la fin de l'expérience, les participants ont dû réévaluer leur conviction sur la véracité de leur croyance, et ceux ayant discuté avec l'IA ont vu leurs certitudes diminuer d'environ 20%.
Des résultats prometteurs mais encore perfectibles
Le processus de persuasion par l'IA semble efficace, en particulier grâce à sa capacité à adapter les réponses aux croyances spécifiques de chaque individu. En effet, l'IA ne se contente pas de fournir des faits, elle utilise également des stratégies comme l'empathie et l'affirmation pour gagner la confiance des participants. Le Dr Costello souligne que même si tous les participants n’ont pas totalement abandonné leur croyance, environ 25% d'entre eux sont sortis de l’expérience sans plus adhérer à leur théorie du complot initiale.
Cependant, certaines questions subsistent. Notamment, les chercheurs s’interrogent sur l’impact de l’IA dans des conditions réelles, où les complotistes pourraient ne pas être enclins à interagir volontairement avec ce type de technologie. De plus, il reste à vérifier si les mêmes résultats pourraient être obtenus par des conversations avec un humain anonyme. Malgré ces incertitudes, cette étude ouvre de nouvelles perspectives sur l’utilisation potentielle de l’IA dans la lutte contre la désinformation, notamment sur les réseaux sociaux.