Les caprices de Caprisun ou quand une entreprise veut faire abolir une loi d’intérêt général

Ce serait choquant qu’une entreprise veuille faire changer, voire annuler, une loi européenne qui protège la nature et la biodiversité, et ce juste pour ses « propres » intérêts, n’est-ce pas?.

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Par Yvan Verougstraete Publié le 12 septembre 2024 à 5h00
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caprice-caprisun-paille-entreprise-plastique-verougstraete - © Economie Matin
50%50 % des déchets retrouvés et sur les plages de l’Union européenne sont des produits plastiques à usage unique.

Alors je vais vous raconter l'histoire de Caprisun, fabricant de boissons sucrées aux fruits, qui est nostalgique de son berlingot muni d'une paille en plastique. En 2021, comme toutes les entreprises, elle est contrainte d'opter pour une paille en carton suite à une législation européenne votée deux ans plus tôt.

Une législation d’intérêt général

L'idée de la législation, c'était de promouvoir une économie circulaire, où les matières sont réutilisables et les produits réparables plutôt que jetables, évitant de ce fait des dépôts sauvages et la dissémination de ces déchets dans la nature.

L'Europe dans ce texte s’attaque aux produits en plastique à usage unique comme les couverts en plastique, les pailles, les cotons tiges, les petits sachets fins pour les fruits et légumes qu'on trouvait en super marché, etc.

Les déchets en plastique engendrent une pollution qui atteint particulièrement la biodiversité et les océans. Selon l’Unesco, ceux-ci “causent la mort de plus d’un million d’oiseaux marins et de plus de 100 000 mammifères marins chaque année”.

50 % des déchets retrouvés et sur les plages de l’Union européenne sont des produits plastiques à usage unique. Dans le top 10 des plus gros pollueurs qui génèrent le plus de pollution plastique.: les bouteilles, les filtres de cigarette, les cotons tiges, et les pailles.

Le lobby de Caprisun pour faire tomber la loi européenne ?

Comme si cette réalité n'avait aucune importance, pas plus que la loi d'ailleurs, Caprisun veut faire revenir sa paille en plastique sous prétexte que sa version en carton est moins appréciée et que la paille serait désormais recyclable. Il n'en reste pas moins qu'il s'agit de plastique à usage unique...

Mais aucune importance pour le fabricant de ce produit étiqueté E au nutriscore à cause de son excès de sucre. Il vient de lancer une campagne "Rendez-nous la paille en plastique !" et a lancé une initiative citoyenne pour espérer collecter un million de signatures et qu'ainsi la question soit débattue au niveau des instances européennes.

Et bien la marque peut se réjouir, nous avons entendu son coup de gueule et c'est davantage de la consternation qui a été ressentie au sein des instances suite à cette démarche.

Car oui, une entreprise qui tente de faire éteindre une législation européenne d'intérêt général ou demande une exemption pour augmenter ses bénéfices, c'est consternant.

Qui plus est, une entreprise qui détournerait ou manipulerait le principe d'initiative citoyenne qui, comme son nom l'indique, doit être d'initiative citoyenne, plutôt qu'un outil de lobbying d'entreprise, c'est choquant.

Revenir sur cette législation européenne et réintroduire du plastique à usage unique sur le marché serait un immense pas en arrière. Des centaines milliards de berlingots vendus dans le monde, et donc tout autant de pailles qui feraient leur retour dans la nature, c'est inacceptable, anachronique même.

Si Caprisun voulait être entendu dans les institutions européennes, qu'elle se rassure, c'est fait !

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Yverougstraete

Député européen Renew (Belgique)

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