Directive CSRD : un défi de reporting et de gestion des données pour les entreprises françaises

En France, les entreprises doivent maintenant se conformer à la directive sur le reporting de durabilité des entreprises (CSRD), effective depuis le 1er janvier 2024. Cette directive exige des entreprises qu’elles produisent des rapports ESG (Environnement, Social, Gouvernance) pour suivre leurs progrès en matière de durabilité.

Nicolas Letavernier
Par Nicolas Letavernier Publié le 10 septembre 2024 à 5h00
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84%84 % des professionnels estiment que l'intégration des données financières et de durabilité améliore la prise de décision

Ce cadre réglementaire impose une transparence accrue et une responsabilité renforcée en matière de pratiques durables, allant au-delà des simples déclarations financières traditionnelles. Le reporting intégré, qui combine les données de durabilité avec les rapports annuels, devient essentiel pour toutes les entreprises, leur permettant de démontrer leur engagement envers des pratiques éthiques et durables, et d’assurer la confiance des investisseurs et autres parties prenantes.

Extension des exigences de conformité

Dès cette année, les entreprises de plus de 500 employés sont tenues de respecter ces nouvelles exigences. En 2025, l'obligation s'étendra aux entreprises de plus de 250 employés, avec un chiffre d'affaires supérieur à 40 millions d'euros ou un bilan dépassant 20 millions d'euros.

Ainsi, de nombreuses entreprises seront indirectement impactées car leurs partenaires commerciaux demanderont aussi le respect de ces normes. Ce changement marque une étape significative vers une économie plus durable et responsable, où la performance extra-financière est désormais au cœur de la stratégie d'entreprise.

Défis pour les entreprises

La conformité à la CSRD et à la réglementation sur la gouvernance des chaînes d'approvisionnement rend la durabilité essentielle pour toutes les entreprises. Cependant, bon nombre d’entre elles en France manquent des structures et des données nécessaires pour répondre à ces règles. Elles doivent s'adapter à cette complexité, d'autant plus que la majorité des entreprises européennes non soumises à la directive ont l'intention de s'y aligner volontairement, ce qui montre l'importance de cette démarche même pour celles qui ne sont pas directement concernées.

En outre, sur le plan technique, certaines entreprises sont dépourvues d'une infrastructure de données adaptée. Pourtant, les données ESG sont cruciales pour les investisseurs et pour la transparence des activités de l'entreprise. La collecte de ces informations est complexe en raison de la diversité des sources et des normes à respecter. Les rapports de durabilité doivent inclure des données sur les émissions de carbone, la consommation d'eau, les initiatives de bénévolat, et les pratiques de gouvernance. Intégrer ces données au sein de l'organisation constitue un défi majeur.

Solutions pour une gestion efficace des données

Pour se conformer à la CSRD et gérer efficacement les informations sur la durabilité, les entreprises doivent désormais adopter des systèmes de collecte de données robustes et des technologies appropriées. Ces technologies doivent être capables de rassembler des données provenant de différentes sources, de les structurer correctement, et de créer des ensembles de données facilement actualisables. La traçabilité des données est également cruciale pour éviter toute ambiguïté et garantir leur exactitude.

Renforcer la confiance en ses propres données est essentiel. Pour améliorer leur précision, il est important de mettre en place des processus de surveillance continue permettant de suivre les progrès et de détecter les anomalies. Définir des objectifs clairs et utiliser des méthodes standardisées permet d'améliorer la transparence et de réduire les erreurs de collecte de données. Ainsi, notre dernier rapport a révélé qu’en France, 84 % des professionnels estiment que l'intégration des données financières et de durabilité améliore la prise de décision, ce qui montre l'importance de cette transparence.

Importance des certifications

Afin de ne pas se perdre dans la complexité des données, obtenir des certifications comme l'Eco-Management and Audit Scheme (EMAS) peut être une première étape vers la durabilité pour les entreprises. L'EMAS requiert la mise en place d'un système de gestion environnementale, ce qui permet de rendre les activités comparables et mesurables, offrant ainsi une visibilité sur l'efficacité énergétique, la gestion des ressources, les émissions et les déchets.

Avec la mise en œuvre de la CSRD, les entreprises doivent revoir leurs processus de gestion des données et instaurer des mécanismes pour intégrer les informations ESG et financières. Les exigences de reporting ESG évoluent rapidement, et elles doivent se préparer à utiliser des technologies avancées pour gérer la complexité de ces rapports, la diversité des données et la création d'une infrastructure adaptée.

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Nicolas Letavernier

Directeur du développement France chez Workiva

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