Assurance maladie : le déficit 2024 va (encore) déraper !

Le 9 septembre 2024, un nouvel avertissement a été lancé concernant le déficit de l’Assurance Maladie. Selon Thomas Fatôme, directeur général de la Caisse nationale de l’Assurance Maladie qui a donné un entretien aux Echos ce dimanche 8 septembre 2024, ce déficit devrait dépasser les prévisions déjà inquiétantes de juin 2024, qui l’estimaient à 11,4 milliards d’euros.

Paolo Garoscio
Par Paolo Garoscio Modifié le 9 septembre 2024 à 9h45
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466 MILLIONS €L'assurance maladie a identifié 466 millions d'euros de fraude en 2023.

Alors que le système de santé français fait face à une pression grandissante liée à l'augmentation des coûts, ce déséquilibre budgétaire fait peser de lourdes inquiétudes sur la soutenabilité financière de l'Assurance Maladie. D’autant plus que la marge de manœuvre du gouvernement est nulle : il doit baisser les dépenses et pas les augmenter.

Déficit : la montée des coûts dans l'Assurance Maladie

L'une des principales raisons de cette augmentation inattendue du déficit réside dans la forte hausse des indemnisations d'arrêts de travail, qui s'élèveraient à plus d'un milliard d’euros en 2024. Ce phénomène est lié à plusieurs facteurs, notamment le vieillissement de la population active, l'augmentation des salaires et le SMIC, mais également à une conjoncture économique défavorable qui entraîne un recours accru aux arrêts de travail. « On risque d'avoir plus de dépenses qu'attendu et un peu moins de recettes du fait de la conjoncture économique. Si bien que le déficit devrait rester à un niveau historiquement très élevé », a déclaré le directeur général de la Cnam aux Echos.

Thomas Fatôme a précisé que des actions seraient prises d'ici la fin de l'année pour maîtriser ces coûts. Ces mesures incluent notamment un suivi plus étroit des assurés en arrêt prolongé et une discussion avec les médecins généralistes afin de mieux contrôler les prescriptions d'arrêts de travail. L'objectif est d'identifier les cas d'abus ou de fraude, tout en maintenant une logique d’accompagnement et de prévention.

Vers une réforme du système d’indemnisation ?

Pour tenter de pallier le problème, la Caisse nationale de l'Assurance Maladie envisage des réformes structurelles pour garantir la viabilité financière du système. Thomas Fatôme a évoqué la nécessité de repenser les conditions d’indemnisation des arrêts de travail, en particulier pour les salariés n'ayant pas une ancienneté suffisante ou pour ceux travaillant dans de petites entreprises, souvent moins bien couverts que leurs homologues des grandes entreprises. « En 2023, nous avons lancé un plan pour maîtriser ces coûts et nous avons eu de bons résultats. Malheureusement, au premier semestre, le coût d'indemnisation des arrêts de travail est de nouveau en hausse de 8 % sur un an, ce qui est très important. »

Cette réforme est délicate, car elle touche à des enjeux d’équité et d’efficacité. Selon certains rapports, une partie des dépenses actuelles pourrait être redirigée pour améliorer les droits des assurés, financer l’innovation médicale, ou encore augmenter les rémunérations des professionnels de santé. « En 2024, la dépense liée aux arrêts de travail augmente de plus d'1 milliard et est aujourd'hui de l'ordre de 16 milliards d'euros ce qui est considérable. Les facteurs démographiques et économiques n'expliquent pas tout. Le système manque de garde-fous et il serait nécessaire que l'Etat, les partenaires sociaux se remettent autour de la table à ce sujet en impliquant les médecins, et l'Assurance Maladie prendra sa part également. »

Assurance maladie : le défi des maladies chroniques

Par ailleurs, la question de la prise en charge des maladies chroniques à 100 % par l’Assurance Maladie suscite des débats. Certains experts suggèrent d’introduire des franchises sur les dispositifs médicaux, tandis que d’autres prônent un meilleur encadrement des soins pris en charge au titre des affections de longue durée (ALD).

Si ce modèle de couverture à 100 % est un pilier fondamental de la protection sociale en France, il est également source de coûts importants. « Nous allons renforcer nos actions pour que les médecins fassent bien le distinguo entre les soins qui doivent être pris en charge à 100 % au titre de l'affection de longue durée et les autres soins. »

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Paolo Garoscio

Rédacteur en chef adjoint Après son Master de Philosophie, s'est tourné vers la communication et le journalisme. Il rejoint l'équipe d'EconomieMatin en 2013.   Suivez-le sur Twitter : @PaoloGaroscio

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