Déficit 2024 : les collectivités rejettent les accusations du gouvernement

Le 3 septembre 2024, un conflit ouvert s’est déclenché entre Bercy et les collectivités locales, marquant un nouveau chapitre dans les débats récurrents sur la gestion des dépenses publiques. Au cœur de cette polémique, le ministre des Finances, Bruno Le Maire, accompagné de Thomas Cazenave, a pointé du doigt une augmentation supposée « extrêmement rapide » des dépenses des collectivités, estimant qu’elles pourraient dégrader les comptes publics à hauteur de 16 milliards d’euros en 2024.

Paolo Garoscio
Par Paolo Garoscio Publié le 4 septembre 2024 à 6h19
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5,1%Le gouvernement s'attend à un déficit de plus de 5,1% en 2024.

Face à ces accusations, les collectivités locales n'ont pas tardé à réagir, dénonçant des chiffres qu'elles qualifient de "fallacieux" et des propos qu'elles jugent "irresponsables".

L'accusation de Bercy : une gestion des dépenses hors de contrôle

Bercy a ouvertement critiqué la gestion des dépenses des collectivités locales, arguant que ces dernières étaient en grande partie responsables du dérapage des finances publiques. Selon les estimations du ministère, les dépenses locales, notamment celles liées aux investissements, auraient explosé ces dernières années, menaçant ainsi l’équilibre budgétaire national.

Bruno Le Maire et Thomas Cazenave ont évoqué une possible aggravation du déficit public en 2024 de l’ordre de 16 milliards d’euros, une somme directement attribuable, selon eux, à l’augmentation des dépenses locales.

Cette assertion repose sur l’analyse des tendances récentes des finances publiques, qui montrent une augmentation de la part des dépenses locales dans la dépense publique totale, passant de 19 % en 2022 à des niveaux qui pourraient atteindre 20 % ou plus en 2024, selon les projections de Bercy.

Réactions des collectivités : un rejet unanime des accusations

Les réactions des collectivités locales ont été vives et immédiates. À travers plusieurs voix, dont celle de l'Association des maires de France (AMF), elles ont dénoncé une tentative de dédouanement de l'État de ses propres responsabilités financières. L'AMF a notamment souligné que la dette des collectivités est restée stable depuis trois décennies, passant de 9 % du PIB en 1995 à 8,9 % en 2023, en contradiction avec les chiffres avancés par Bercy.

André Laignel, président du Comité des finances locales de l’AMF, a exprimé son incompréhension face aux accusations ministérielles, qualifiant de "culottés" les ministres démissionnaires pour leurs déclarations. Il a également remis en cause la provenance des 16 milliards d’euros évoqués, soulignant l’absence de fondement de ce chiffre dans les comptes réels des collectivités.

Intercommunalités de France, de son côté, explique avoir « du mal à ne pas voir la volonté du Gouvernement de détourner l’attention des dérapages budgétaires de l’État, dont les collectivités ne sauraient être tenues pour responsables ». « L’association s’interroge sur la légitimité d’un Gouvernement démissionnaire depuis deux mois, qui en plus de mettre en cause publiquement les collectivités, annonce des baisses conséquentes sur le fonds vert, indispensable pour conduire la transition écologique dans les territoires. »

Quant à l’association Villes de France, présidée par le maire de Châteauroux Gil Avérnous, elle rappelle que ces accusations sont « sans fondement, dès lors que les budgets des collectivités doivent légalement être votés en équilibre ».

Paolo Garoscio

Après son Master de Philosophie, Paolo Garoscio s'est tourné vers la communication et le journalisme. Il rejoint l'équipe d'EconomieMatin en 2013.   Suivez-le sur Twitter : @PaoloGaroscio

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