Pirater l’IPTV ? Crimestoppers appelle à la délation

Dans un contexte où le piratage des contenus numériques, notamment via l’IPTV (Internet Protocol Television), prend de l’ampleur, une initiative singulière suscite à la fois intérêt et débat. Une association britannique, Crimestoppers, incite désormais les internautes à dénoncer les utilisateurs et promoteurs de ces services illégaux. Cette stratégie, qui consiste à faire appel au sens civique des citoyens, reflète les difficultés des autorités à endiguer un phénomène qui touche de plus en plus de foyers, en France comme à l’étranger

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Par Nicolas Egon Modifié le 29 août 2024 à 9h19
Pirater l’IPTV ? Crimestopper appelle à la délation
400 %Entre 2020 et 2023, le nombre de cyberattaques en France a augmenté de 400 %

Le piratage IPTV : un fléau en croissance

Le piratage via IPTV est devenu une pratique courante pour contourner les coûts élevés des abonnements aux chaînes payantes. En France, le phénomène a pris une nouvelle ampleur depuis que la chaîne britannique DAZN a acquis les droits exclusifs de diffusion de la Ligue 1 pour 30 euros par mois, un tarif jugé prohibitif par de nombreux amateurs de football. Ce constat se reflète dans les chiffres : lors du match d’ouverture de la saison 2024-2025, plus de 200 000 personnes ont suivi la rencontre via des flux IPTV illégaux.

Cette pratique de plus en plus répandue met en lumière la difficulté des autorités et des entreprises détentrices de droits à endiguer le piratage numérique. En effet, la promotion ou l’utilisation de solutions IPTV est illégale, mais les poursuites judiciaires restent rares en raison de la difficulté à identifier les contrevenants. Ceux-ci utilisent souvent des canaux de communication cryptés comme Telegram, rendant la tâche des forces de l’ordre quasi impossible.

Une campagne de délation pour contrecarrer le piratage

Face à ce constat, l’association Crimestoppers, en collaboration avec l’entreprise FACT spécialisée dans la protection de la propriété intellectuelle, a lancé une campagne d’un genre particulier. Pendant six semaines, cette campagne diffusée sur les réseaux sociaux, Instagram et Facebook, invite les internautes à dénoncer les individus impliqués dans la promotion ou la vente de services IPTV illégaux. Crimestoppers assure que les informations fournies seront traitées de manière anonyme, sans collecte de données personnelles comme les adresses IP ou les données de localisation.

Cette démarche s’inscrit dans une volonté de responsabiliser les communautés locales et de les engager dans la lutte contre le piratage numérique. Comme l’explique Kieron Sharp, directeur de FACT, cette campagne vise à « donner aux communautés les moyens d’agir contre le piratage numérique et de se protéger contre les risques qui y sont associés ».

Cependant, il est important de noter que, contrairement à d’autres initiatives du même genre, aucune récompense financière n’est prévue pour les délateurs. Cette décision repose sur le principe que les citoyens doivent agir par sens civique et non pour un gain personnel.

Une réponse aux limites du système judiciaire

La difficulté à identifier et poursuivre les utilisateurs d’IPTV illégaux s’explique en grande partie par l’usage de technologies de cryptage et de messageries sécurisées, mais également par le caractère transnational de ces pratiques. Les autorités judiciaires françaises ont bien tenté de réagir, comme en témoigne la récente décision du Tribunal judiciaire de Paris, mais les résultats demeurent mitigés.

La campagne de Crimestoppers représente une nouvelle approche, tentant de pallier les lacunes des mécanismes juridiques traditionnels en s’appuyant sur la participation active des citoyens. Reste à savoir si cette méthode sera couronnée de succès ou si elle ne fera qu’ajouter un nouveau chapitre aux multiples tentatives infructueuses pour endiguer le piratage numérique.

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