Impact des Jeux Olympiques de Paris : un revers pour le secteur touristique ?

Une fréquentation touristique en demi-teinte

Les Jeux Olympiques sont souvent considérés comme un catalyseur pour le tourisme et l'économie locale, attirant des milliers, voire des millions de visiteurs. Paris, hôte des Jeux de 2024, espérait profiter de cet afflux pour dynamiser son secteur touristique. Selon les chiffres de l'agence Choose Paris Region, 220 000 touristes internationaux étaient attendus dans les aéroports parisiens du 13 au 27 août, soit une augmentation de 8 % par rapport à 2023. Ce chiffre semble encourageant, mais la réalité sur le terrain est bien différente.

De nombreux professionnels du tourisme ont constaté une fréquentation bien en deçà des attentes. Une restauratrice parisienne rapporte : « Il n’y a personne en ce moment. Les gens qui étaient là aux JO sont sans doute partis. » Le secteur des bateaux-mouches, pourtant emblématique de Paris, a particulièrement souffert. Taoufiq El Amrani, directeur général de la Compagnie des Bateaux-Mouches, décrit une baisse de 50 % de l'activité, avec des pics à -65 % depuis la cérémonie d'ouverture. Ce constat est alarmant, d'autant que cette tendance ne semble pas s'inverser après la fin des JO, malgré l’espoir d’une arrière-saison plus porteuse.

Cette situation pousse à s’interroger sur la véritable efficacité des Jeux Olympiques en tant que levier économique pour les villes hôtes. Alors que l’on pourrait s’attendre à une augmentation continue de la fréquentation, la réalité montre que les Jeux peuvent également créer une désertion temporaire, voire durable, des touristes traditionnels.

Un impact économique contrasté pour les commerçants de Paris

Le déclin de la fréquentation touristique n'est pas le seul point noir. Les commerçants parisiens, en particulier ceux des secteurs de la restauration et de l’hôtellerie, ont également ressenti durement l’impact des JO. Selon Frank Delvau, président de l'Umih Paris Île-de-France, les restaurateurs ont enregistré des baisses de chiffre d’affaires allant jusqu’à -80 % pendant les Jeux. Cette situation est d'autant plus critique que certains quartiers, habituellement prisés par les touristes, sont devenus presque désertés.

« Le dimanche soir 11 août, on a pu faire une très bonne soirée pour la cérémonie de clôture. Mais depuis lundi, on a divisé notre chiffre d’affaires par deux, voire par trois » , explique une restauratrice du 17e arrondissement. Ce phénomène est largement attribué à un « événement d’évitement » par les touristes traditionnels, souvent encouragés par les agences de voyages étrangères à éviter Paris durant cette période, à moins de venir spécifiquement pour assister aux épreuves olympiques.

L'Union des Métiers et des Industries de l'Hôtellerie (Umih) confirme cette tendance. « Depuis le 12 août, la fréquentation baisse beaucoup et il est devenu très facile de trouver une chambre. Les touristes JO sont partis et les touristes traditionnels ne sont pas là », souligne l’organisation. Cette désertion inattendue pose la question de l'équilibre entre l'organisation de grands événements mondiaux et la préservation d'un flux touristique stable tout au long de l'année.

Un désaveu pour la communication et les préparatifs

L'une des critiques majeures formulées par les professionnels du secteur concerne la communication et les préparatifs en amont des Jeux. Frank Delvau rappelle que les préoccupations des restaurateurs et des hôteliers quant à l'organisation d'épreuves en plein centre-ville n'ont pas été suffisamment prises en compte. « On avait prévenu qu’une cérémonie en plein air et que des épreuves en centre-ville poseraient problème et ne seraient pas bonnes pour le métier. Cela n’a pas forcément été écouté, et la réalité nous a donné raison a posteriori », regrette-t-il.

La gestion des périmètres de sécurité autour des sites de compétition, que ce soit à Paris ou en banlieue, a également été critiquée pour son impact négatif sur les commerces. Ces mesures, bien qu'essentielles pour la sécurité, ont rendu l'accès difficile à certains quartiers, décourageant ainsi les visiteurs. Cette situation risque de se répéter lors des Jeux paralympiques, avec des périmètres de sécurité similaires, bien que légèrement moins contraignants.

Une lueur d'espoir pour l'avenir ?

Malgré ces déceptions, tous ne voient pas l'avenir en noir. L’image positive véhiculée par Paris durant les Jeux pourrait, à terme, renforcer son attractivité touristique. Certains experts estiment que les retombées positives des JO pourraient se faire sentir d’ici la fin de l'année 2024, avec une reprise de la fréquentation touristique traditionnelle. Frank Delvau lui-même reste optimiste pour 2025, qui s’annonce comme une année prometteuse pour l’activité touristique à Paris.

Cependant, cette vision optimiste repose sur plusieurs inconnues, notamment la capacité de Paris à corriger les erreurs commises durant les JO et à mieux intégrer les préoccupations des professionnels du secteur dans la préparation des futurs événements mondiaux. Une meilleure coordination entre les autorités publiques et les acteurs économiques locaux sera essentielle pour maximiser les retombées positives et minimiser les impacts négatifs.