Les pièges fiscaux de la SCI, ce que l’on ne vous dit pas !

La création d’une Société Civile Immobilière (SCI) est souvent perçue comme un passage obligé pour optimiser la gestion de son patrimoine immobilier. Cependant, elle n’est pas sans inconvénients. Voici pourquoi il est important de réfléchir à deux fois avant de se lancer.

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Par Léopold Aubin Publié le 1 septembre 2024 à 10h00
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SCI-entreprise-immobilier-20240901 - © Economie Matin

Un mythe fiscal à déconstruire de la SCI

L’un des principaux arguments avancés pour la création d’une Société Civile Immobilière est la réduction des droits de succession. En effet, il est souvent dit qu’une SCI permet de faciliter la transmission du patrimoine tout en optimisant les coûts fiscaux. Cependant, cette réduction n'est ni systématique ni simple à obtenir. Pour espérer réduire les droits de succession, il est nécessaire de mettre en place une gestion comptable rigoureuse. Cela inclut un financement à crédit, le démembrement de propriété (usufruit et nue-propriété), ainsi que la mise en réserve des bénéfices. Ce montage complexe impose également au gérant de la Société Civile Immobilière de transmettre les parts alors même que la société peut être lourdement endettée. « La très grande majorité des Société Civile Immobilière n'ont aucun intérêt patrimonial car les gens qui veulent la créer n'ont qu'une idée en tête : la Société Civile Immobilière a des avantages fiscaux sans même savoir lesquels et s'ils sont toujours d'actualité », avertit François-Xavier Sœur, fondateur de Terrae Patrimoine.

Un autre point crucial concerne la fiscalité des résidences principales. Les résidences principales détenues par une SCI perdent l’abattement de 30 % sur leur valeur vénale lors de l’imposition à l’Impôt sur la Fortune Immobilière (IFI). Cet abattement est pourtant un avantage fiscal significatif pour les propriétaires individuels. En créant une SCI, les propriétaires de résidences principales s’exposent donc à une augmentation de leur charge fiscale. Ce désavantage est souvent méconnu, mais il peut s’avérer coûteux, d’autant plus si l’objectif initial de la SCI est de réaliser des économies.

Des contraintes administratives et fiscales lourdes

La création et la gestion d'une Société Civile Immobilière ne se font pas sans une série de démarches administratives et légales contraignantes. Contrairement à la simple détention d’un bien en nom propre, une Société Civile Immobilière implique la rédaction de statuts, leur dépôt auprès du greffe du tribunal de commerce, l’immatriculation de la société au registre du commerce et des sociétés, et la publication d’une annonce légale dans un journal habilité. À cela s'ajoutent la tenue d'une comptabilité régulière, le dépôt annuel des comptes sociaux, et la tenue d'assemblées générales pour valider les décisions importantes de gestion. Tous ces aspects nécessitent un suivi rigoureux et peuvent entraîner des coûts supplémentaires non négligeables. La rédaction des statuts, par exemple, est souvent confiée à un avocat ou un notaire, ce qui peut coûter entre 1 500 et 4 000 euros. La gestion comptable, quant à elle, peut être assurée par un expert-comptable, dont les honoraires annuels peuvent atteindre 800 euros. Ces coûts doivent être anticipés et pris en compte dans le projet global de la SCI.

Sur le plan fiscal, le choix du régime d’imposition est également crucial. Une Société Civile Immobilière peut opter pour l'impôt sur les sociétés (IS) ou l'impôt sur le revenu (IR). Si le régime de l’IS peut sembler avantageux en matière de gestion des revenus locatifs, il devient pénalisant en cas de revente des biens immobiliers. En effet, la plus-value réalisée lors de la vente est plus lourdement taxée sous le régime de l’IS que sous celui de l’IR. De plus, la rémunération du gérant de la SCI, ainsi que les dividendes versés aux associés majoritaires, sont soumis aux cotisations sociales, ce qui augmente encore la charge financière pour les associés. Comme l’explique Bruno Taltavull chez nos confrères du Figaro, responsable du financement des investisseurs chez Capfi, « la banque va adopter la même méthode de calcul que pour un crédit immobilier sans SCI. Créer une Société Civile Immobilière ne peut pas effacer un endettement qui ne lui permet pas d'acheter un logement. Les associés sont caution personnelle, solidaire et indivis de la Société Civile Immobilière ».

La responsabilité illimitée des associés : un risque sous-estimé

En dépit de sa structure juridique, la SCI n’échappe pas à la responsabilité des associés, bien au contraire. Contrairement à une société à responsabilité limitée (SARL) où les associés ne risquent que leur apport initial, les associés d’une SCI sont responsables indéfiniment des dettes de la société. Cela signifie qu’en cas de difficultés financières de la SCI, les créanciers peuvent se retourner contre le patrimoine personnel des associés pour recouvrer leurs créances. Ce risque est souvent sous-estimé par les particuliers qui se lancent dans la création d’une SCI, pensant que la société protégera leur patrimoine personnel. Comme le souligne François-Xavier Sœur, de Terrae Patrimoine, « les associés ont une responsabilité illimitée car leur patrimoine personnel peut servir à payer les créanciers de la SCI ». Ce type de responsabilité peut entraîner des conséquences graves, notamment en cas de défaillance de la SCI.

Des complications juridiques et patrimoniales à prévoir

Outre les aspects fiscaux et administratifs, la SCI peut également engendrer des complications juridiques, notamment en cas de désaccord entre les associés. La cession des parts sociales, par exemple, ne peut se faire qu’avec l’accord de tous les associés, sauf clause contraire dans les statuts. Ce processus peut devenir un véritable casse-tête en cas de mésentente. Par ailleurs, la gestion des biens immobiliers détenus en indivision au sein de la SCI peut être source de conflits, surtout si les associés n’ont pas les mêmes objectifs patrimoniaux ou financiers.

Avant de se lancer dans sa création, il est crucial de bien évaluer les avantages et les inconvénients, de consulter des experts, et surtout, de s’assurer que ce montage correspond véritablement à ses objectifs patrimoniaux.

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