Shein admet que des enfants ont travaillé pour elle

L’annonce, faite par Shein, de la découverte de cas de travail des enfants chez ses fournisseurs jette une lumière crue sur les pratiques de l’entreprise, souvent qualifiée de symbole de la mode rapide à bas coût. Si l’entreprise assure avoir pris des mesures pour éviter que ça se reproduise, les critiques de la fast-fashion obtiennent ainsi un nouvel argument de taille contre le géant chinois.

Paolo Garoscio
Par Paolo Garoscio Publié le 26 août 2024 à 11h30
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50 MILLIARDS $Le chiffre d'affaires de Shein pourrait atteindre 50 milliards de dollars en 2024

Fast fashion : le travail des enfants confirmé par Shein

Shein, une entreprise qui a su attirer des millions de consommateurs à travers le monde grâce à ses vêtements à prix cassés, a avoué avoir trouvé, au cours de ses audits internes en 2023, deux cas de travail des enfants dans sa chaîne d'approvisionnement. Une déclaration effectuée dans le cadre de son rapport de durabilité et qui pourrait être perçue comme une tentative de transparence à un moment critique où l'entreprise envisage une introduction en bourse. Mais pour les observateurs avertis, cette démarche ressemble davantage à un exercice de gestion de crise.

La croissance fulgurante de Shein repose sur un modèle économique qui ne fait pas l'unanimité. La production de vêtements bon marché, souvent inspirés de designs existants, soulève des questions non seulement en matière de droits de propriété intellectuelle, mais aussi de conditions de travail. Les récents aveux de l'entreprise ne sont que la pointe de l'iceberg d'un système où la pression sur les coûts est telle que des pratiques aussi répréhensibles que l'emploi de mineurs peuvent passer inaperçues ou être tolérées jusqu'à ce qu'elles soient révélées par des audits.

Des mesures correctives ou un simple coup de com' ?

Face à ces révélations, Shein a annoncé avoir suspendu temporairement les commandes auprès des fournisseurs incriminés, en attendant qu'ils apportent des preuves tangibles de l'amélioration de leurs pratiques. Toutefois, il est légitime de se demander si ces suspensions ne sont pas simplement destinées à apaiser les critiques tout en permettant à Shein de reprendre ses activités une fois l'attention médiatique retombée.

Shein prétend également avoir renforcé ses contrôles, multipliant les audits réalisés par des tiers. Mais la question demeure : ces audits sont-ils suffisants pour garantir une véritable éthique dans la chaîne d'approvisionnement de l'entreprise ? Les précédents montrent que des audits peuvent souvent être contournés, surtout dans des environnements où la transparence fait défaut. Le fait que Shein continue d'opérer principalement en Chine, une région où les droits des travailleurs sont souvent bafoués, ne rassure guère quant à l'efficacité de ces contrôles.

Une responsabilité partagée avec les consommateurs

L'affaire Shein illustre aussi un problème plus large : la responsabilité des consommateurs dans le maintien de tels modèles économiques. Tant que la demande pour des vêtements ultra bon marché persistera, les entreprises comme Shein continueront à prospérer, souvent au détriment des travailleurs les plus vulnérables. Il est donc impératif que les consommateurs, tout comme les régulateurs et les acteurs de l'industrie, exercent une pression constante pour que des pratiques éthiques soient non seulement proclamées, mais rigoureusement appliquées.

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Paolo Garoscio

Après son Master de Philosophie, Paolo Garoscio s'est tourné vers la communication et le journalisme. Il rejoint l'équipe d'EconomieMatin en 2013.   Suivez-le sur Twitter : @PaoloGaroscio

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