CAF : cette ville coupe le robinet des aides pour les dealers de drogue

Le département de l’Isère passe à la vitesse supérieure contre le trafic de drogue. Nous apprenons dans les colonnes du Parisien que la Caisse d’Allocations Familiales (CAF) de Grenoble, a décidé de supprimer les aides sociales pour les dealers ayant déjà été condamnés.

Axelle Ker
Par Axelle Ker Modifié le 26 août 2024 à 13h10
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CAF : cette ville coupe le robinet des aides pour les dealers de drogue - © Economie Matin
25 à 35 millions d'eurosLe trafic de drogue à Grenoble rapporterait entre 25 et 35 millions d'euros par an.

Fini les aides sociales de la CAF pour les trafiquants de drogue à Grenoble

Sept fusillades. La ville de Grenoble a enregistré pas moins de 7 fusillades au seul mois d'août 2024, faisant un mort et une dizaine de blessés. Le trafic de drogue mine littéralement la ville et les habitants qui craignent de sortir de chez eux. En réponse et en travaillant de pair avec le Parquet national de Grenoble, la Caisse d'Allocations Familiales (CAF) de la ville a mis en place une mesure inédite en France pour lutter contre le trafic de drogue : elle a décidé de suspendre les aides sociales aux individus condamnés pour trafic de stupéfiants.

Cette initiative repose sur un système de croisement des données entre les services judiciaires et ceux de la CAF, qui permet d'identifier les trafiquants bénéficiant de prestations sociales. Lorsque des trafiquants sont condamnés, leurs informations sont transmises à la CAF, qui vérifie s'ils perçoivent des allocations. Si tel est le cas, les aides sont immédiatement coupées, de même en cas d'absence de déclaration de revenus perçus illégalement. « On faisait déjà cela avec les impôts. L’idée est de faire la même chose avec la CAF et de réintégrer les revenus occultes dans le calcul des prestations indues. Lors d’une enquête sur un trafic, les enquêteurs regardent si la personne vit en couple, a des enfants… », détaille Éric Vaillant, le procureur de Grenoble, auprès du Parisien. À ce jour, 55 trafiquants de drogue se sont vus privés de leurs habituelles prestations sociales en Isère.

À quand une généralisation de cette mesure à l'échelle nationale ?

Le succès de cette mesure dans l'Isère a relancé les discussions sur les moyens mis à disposition par les pouvoirs publics pour lutter contre le trafic de drogue. Plusieurs propositions de loi avaient pourtant été déposées, dont une allant dans le sens de l'initiative de la Caisse d'Allocations Familiales de Grenoble. Mais aucune n'a abouti.

Comme le souligne Éric Vaillant, procureur de la République de Grenoble, dans une déclaration relayée par Le Parisien, l'intégration des revenus illicites dans le calcul des allocations est une « avancée logique » pour rendre la justice sociale plus équitable. Pour ne donner que quelques chiffres : le trafic de drogue à Grenoble représente entre 25 et 35 millions d'euros de chiffre d'affaires par an et compte entre 20 et 30 points de deal, pour 30 à 40 000 consommateurs de cannabis et 15 à 20 000 consommateurs de cocaïne et autres drogues de synthèse. À l'heure où la France est à deux doigts d'être mise sous tutelle en raison de son déficit public, le temps semble plus que venu de sanctionner les personnes qui détruisent notre jeunesse, et qui ont trop longtemps profité du système sans jamais en être inquiétées.

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Axelle Ker

Diplômée en sciences politiques et relations internationales, journaliste chez Économie Matin & Politique Matin.

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