Tesla : à cause d’Elon Musk, le groupe Rossmann boycotte

La nouvelle est tombée tel un coup de tonnerre dans le secteur automobile : Rossmann, célèbre chaîne de pharmacies allemande, a décidé de cesser immédiatement l’achat de véhicules Tesla pour sa flotte d’entreprise. Ce choix, loin d’être anodin, est directement lié aux prises de position politiques d’Elon Musk, PDG de Tesla, qui soutient ouvertement Donald Trump et affiche ouvertement ses positions d’extrême-droite.

Paolo Garoscio
Par Paolo Garoscio Modifié le 21 août 2024 à 10h34
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624 MILLIARDS $La capitalisation de Tesla est de 624 milliards de dollars.

Elon Musk soutient Trump, Rossmann pas du tout

Tout commence par un soutien affiché d'Elon Musk à Donald Trump, ancien président des États-Unis, et à sa campagne électorale. Ce geste, perçu comme un alignement avec des valeurs climatosceptiques et conservatrices, a immédiatement provoqué une vague de réactions négatives, notamment en Europe, où la sensibilité aux questions environnementales et sociopolitiques est très forte. Et c'est ainsi que début août 2024 Rossmann, à travers la voix de son dirigeant Raoul Rossmann, a déclaré que cette position était en totale contradiction avec les valeurs de l'entreprise, qui prône l'écologie et le développement durable.

"Elon Musk ne cache pas son soutien à Donald Trump, un homme qui a plusieurs fois qualifié le changement climatique de supercherie. Cette attitude est en opposition directe avec la mission de Tesla, censée contribuer à la protection de l'environnement par la production de voitures électriques," a souligné Raoul Rossmann, fils du fondateur du groupe.

Un effet boule de neige chez les entreprises européennes : Tesla boycottée partout

Rossmann n'est pas seule à faire ce choix. D'autres entreprises allemandes suivent la même voie, décidant de tourner le dos à Tesla. Le géant du logiciel SAP, par exemple, a justifié son retrait des véhicules Tesla en raison de la volatilité des prix, mais sans écarter la dimension éthique de cette décision. Des entreprises comme dm, Alnatura, et Vaude ont également exprimé leurs réticences à intégrer davantage de véhicules Tesla dans leurs flottes, certaines citant explicitement le comportement controversé d’Elon Musk comme facteur déterminant. Ce dernier a notamment exprimé à de nombreuses reprises des positions transphobes et critique régulièrement ce qu’il appelle le « virus woke ».

Cette situation est révélatrice d'un malaise plus profond : de nombreuses entreprises, soucieuses de leur image écologique et de responsabilité sociale, trouvent de plus en plus difficile de concilier l'acquisition de véhicules Tesla avec les valeurs qu'elles défendent. L'Umweltbank et la GLS Bank, par exemple, ont également pris leurs distances, invoquant une incompatibilité entre les déclarations d'Elon Musk et leurs propres engagements en matière de durabilité et de transparence.

Tesla : vers une crise majeure à cause de son fondateur ?

L'impact de ces décisions sur Tesla est palpable. Selon une étude réalisée par Caliber, la popularité de Tesla aux États-Unis a chuté de manière drastique, passant de 70 % d'opinions favorables en 2021 à seulement 31 % aujourd'hui. En Europe, le scénario est tout aussi inquiétant pour le constructeur, mais peu étonnant. Les ventes de Tesla ont diminué de 13% au premier semestre 2024, avec une perte de parts de marché de 2,8%. Le lien entre ces chiffres et les prises de position d’Elon Musk semble évident pour les analystes.

Nicolas Bearelle, fondateur de Revive, une entreprise immobilière belge qui a décidé de se débarrasser de toutes ses Tesla, résume bien la situation : "Nous avons été des fans de la première heure. Tesla représentait un monde meilleur, une stratégie progressiste que nous soutenions pleinement en tant qu’entreprise. Aujourd’hui, nous ne pouvons plus être d’accord avec les opinions d’Elon Musk."

Un avenir incertain pour Tesla en Europe

Face à cette situation, une question demeure : quel avenir pour Tesla en Europe ? Le déclin des ventes et l'érosion de la réputation de l'entreprise laissent présager des jours difficiles pour le constructeur américain. Si les voitures électriques continuent de séduire par leurs promesses écologiques, il semble que la personnalité de leur créateur pourrait bien être leur plus grand obstacle.

Elon Musk, pourtant visionnaire, semble aujourd'hui en décalage avec les attentes d'un marché européen de plus en plus exigeant en matière d'éthique et de responsabilité sociale. Et si ses opinions politiques extrêmes continuent d’influencer les décisions d'achat des entreprises, Tesla pourrait bien perdre une part significative de son marché. D’autant plus que la proximité entre Elon Musk et Donald Trump augmente : l’ancien président des États-Unis, candidat pour 2024, a déclaré qu’il pourrait faire du fondateur de Tesla un de ses ministres.

En attendant, Rossmann et d'autres entreprises européennes continuent d'évaluer leurs options, cherchant des alternatives à Tesla pour leurs flottes. Ce qui est certain, c'est que l'ombre d’Elon Musk plane sur chaque décision.

Paolo Garoscio

Après son Master de Philosophie, Paolo Garoscio s'est tourné vers la communication et le journalisme. Il rejoint l'équipe d'EconomieMatin en 2013.   Suivez-le sur Twitter : @PaoloGaroscio

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