Bitcoin : l’Iran chasse les mineurs à cause des pénuries d’électricité

Le 15 août 2024, les autorités iraniennes ont lancé une campagne de dénonciation des mineurs de cryptomonnaies, en particulier de Bitcoin (BTC), avec l’objectif d’alléger la pression sur le réseau électrique du pays. La raison ? Une crise énergétique exacerbée par une canicule historique dans le pays. Et pour convaincre les Iraniens à dénoncer leurs voisins, une prime est proposée par le gouvernement.

Paolo Garoscio
Par Paolo Garoscio Modifié le 20 août 2024 à 9h45
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54918 EUROSLe Bitcoin vaut 54918 euros le 20 août 2024.

La chasse au Bitcoin : une réponse à une crise énergétique majeure

L'Iran traverse actuellement une période de fortes perturbations électriques, amplifiées par une vague de chaleur exceptionnelle atteignant des températures de près de 50 degrés Celsius. Les coupures d'électricité sont fréquentes, perturbant l'économie du pays et la vie quotidienne des habitants. Afin de préserver le réseau et de rediriger l’électricité vers les usages quotidiens et utiles, le gouvernement a décidé d'interdire le minage de cryptomonnaies, activité extrêmement énergivore, et de récompenser ceux qui dénoncent les mineurs illégaux.

Selon les autorités iraniennes, plus de 230 000 appareils de minage illégaux ont été saisis, consommant collectivement autant d'électricité qu'une grande centrale électrique. Une consommation massive d'énergie en provenance souvent de sources subventionnées ou gratuites comme les mosquées et les écoles, et qui a aggravé les pénuries d'électricité.

Une prime pour les délateurs

Le gouvernement iranien, en offrant une récompense pouvant aller jusqu'à 21,50 euros (environ 1 million de rials iraniens), espère réduire l'impact des mineurs de Bitcoin sur le réseau électrique. Une somme modeste en apparence, mais une incitation significative dans un pays où le revenu national brut par habitant n’est qu’en moyenne de 325 dollars par mois.

Mostafa Rajabi Mashhadi, PDG de la compagnie nationale iranienne d'électricité, a souligné que les mineurs opportunistes exploitent l'électricité subventionnée, provoquant des augmentations anormales de la consommation électrique.

L’Iran fait la guerre à une monnaie alternative

Si cette campagne est perçue par certains comme une mesure nécessaire pour protéger le réseau électrique iranien, d'autres y voient une tentative de renforcer le contrôle de l'État sur les activités économiques alternatives. En effet, le minage de Bitcoin en Iran s'est développé en réponse aux difficultés économiques et aux sanctions internationales, offrant une alternative de revenu pour de nombreux citoyens.

L'Iran avait déjà interdit le minage de cryptomonnaies en 2021, avant de lever l'interdiction pour faire face aux sanctions économiques imposées par les États-Unis. Aujourd'hui, cette nouvelle interdiction, combinée à la récompense pour la dénonciation, montre la détermination du gouvernement à réguler strictement ce secteur.

Un impact à long terme sur le secteur des cryptomonnaies en Iran

Cette politique pourrait avoir des répercussions sur le marché des cryptomonnaies en Iran. En plus de dissuader les mineurs illégaux, elle pourrait également freiner l'adoption de ces technologies dans le pays. Alors que d'autres nations, comme la Malaisie ou le Paraguay, prennent également des mesures strictes contre les activités minières illégales, l'Iran semble vouloir s'imposer comme un acteur de la régulation rigoureuse de ce secteur.

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Paolo Garoscio

Après son Master de Philosophie, Paolo Garoscio s'est tourné vers la communication et le journalisme. Il rejoint l'équipe d'EconomieMatin en 2013.   Suivez-le sur Twitter : @PaoloGaroscio

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