L’été 2023 a été marqué par des températures extrêmes à travers l’Europe, entraînant des conséquences tragiques pour des dizaines de milliers de personnes. Selon une étude publiée le 12 août 2024 par l’Institut de Barcelone pour la Santé Globale (ISGlobal) dans la revue Nature Medicine, la chaleur a causé la mort de 47 690 personnes sur le continent. Ce bilan fait de 2023 l’une des années les plus meurtrières en matière de canicule depuis 2015, dépassée seulement par l’année 2022.
Canicule : près de 50 000 décès en Europe en 2023
Canicule en Europe : un bilan lourd
Les vagues de chaleur, dont la fréquence s’intensifie avec le réchauffement climatique, ont touché de manière disproportionnée les pays du sud de l’Europe. La Grèce, par exemple, a enregistré 393 décès pour un million d’habitants, tandis que l’Italie déplorait 209 décès par million d’habitants.
De manière inattendue, des pays moins habitués aux fortes chaleurs, comme l’Estonie et la Lituanie, ont également vu leur taux de mortalité grimper. En Estonie, le taux de décès a atteint 75 pour un million d’habitants, un chiffre qui ne peut qu’inquiéter les autorités mondiales alors que le pays a un climat habituellement plus tempéré.
Groupes vulnérables : les personnes âgées sont les plus à risque
L’étude met en évidence une tendance qui n’est pas une nouveauté : les personnes âgées sont les plus vulnérables aux vagues de chaleur et aux canicules. La France le sait bien, la canicule de 2003 et ses conséquences restant toujours dans les esprits. Or, en 2023, ce sont les plus de 80 ans qui ont payé le plus lourd tribut, avec un taux de mortalité de 1 102 décès pour un million d’habitants. Ce groupe d’âge est 768 % plus exposé que les personnes âgées de 65 à 79 ans, et près de 1.700 % plus que celles de moins de 64 ans. Les femmes, en particulier, semblent être davantage affectées par la chaleur. Le taux de mortalité chez les femmes est 55% plus élevé que chez les hommes.
En France, le nombre de décès liés à la chaleur en 2023 est estimé à environ 2 700, bien que Santé publique France ait avancé en février 2024 un chiffre de plus de 5 000 décès toutes causes confondues.
Les mesures d’adaptation : une efficacité limitée face à l’urgence climatique
Depuis la canicule de 2003, qui a causé la mort de 70 000 personnes en Europe, des mesures d’adaptation ont été mises en place à travers le continent pour atténuer l’impact des vagues de chaleur. Ces efforts ont permis de réduire la vulnérabilité des populations, mais l’étude de l’ISGlobal montre que ces politiques, bien que nécessaires, ne sont pas suffisantes face à l’intensification du réchauffement climatique.
Les chercheurs estiment que sans les mesures de prévention adoptées depuis 2003, le nombre de décès en 2023 aurait été supérieur de 80%, voire de 100% pour les personnes de plus de 80 ans. Cependant, ces résultats doivent être relativisés. Les décès attribués à la chaleur en 2023 varient selon les estimations entre 28 853 et 66 525, ce qui souligne l’incertitude liée à la modélisation des effets climatiques.
La canicule frappe désormais tous les pays européens
Les épisodes de chaleur ne se limitent plus aux seules régions méditerranéennes. Les pays baltes et d’autres régions moins exposées historiquement aux fortes températures subissent désormais les conséquences du réchauffement global.
Face à ces défis, les auteurs de l’étude appellent à une intensification des efforts pour lutter contre le changement climatique. Si les plans de préparation à la chaleur sont indispensables, ils doivent s’accompagner de mesures plus volontaristes en matière de réduction des émissions de gaz à effet de serre. Les événements de 2023 montrent que sans une réponse globale et concertée, les vagues de chaleur continueront à causer des pertes humaines massives à travers l’Europe.