Le gestionnaire du réseau électrique français, RTE, a publié son bilan sur la production d’électricité au premier semestre de 2024 : celle-ci n’a jamais été aussi élevée depuis la crise sanitaire de 2019 et la crise énergétique de 2022, grâce notamment à l’hydroélectricité. Mais cette bonne nouvelle est à double tranchant pour les consommateurs français.
Électricité : la production hydraulique a augmenté de 37% au premier semestre de 2024
Les pluies ont permis de remplir à 89% les barrages hydrauliques
La production d’électricité en France a fortement augmenté au cours du premier semestre de 2024, comme l'indique le bilan du gestionnaire de réseau RTE, affichant une production totale de 272 TWh. Cette tendance positive est principalement due aux pluies de l'hiver 2023 et du printemps 2024, qui ont permis de remplir les barrages hydrauliques d'EDF à hauteur de 89 %. Résultat : leur production d'électricité a augmenté de 37 % au premier semestre de 2024, soit +11,1 TWh par rapport à 2023.
Xavier Casiot, président de France Hydro Électricité, souligne en effet dans une interview accordée à Europe 1 le 1ᵉʳ août 2024 que « l’hydroélectricité coche toutes les cases, à la fois pour une production de base et pour répondre aux pics de demande ». L’hydroélectricité devient ainsi la première source d'énergie d'origine renouvelable, devançant l’éolien, avec 25,5 TWh produits au premier semestre de 2024, et le solaire, avec 11,4 TWh. Le nucléaire, qui représente 65% de la production d'électricité française, a également repris de la vigueur, enregistrant une hausse de 12 % (+19,1 TWh par rapport à 2023), malgré les défis techniques persistants.
Le réseau électrique français nécessite des investissements colossaux
Cette augmentation de la production hydroélectrique a eu un impact direct sur la stabilité des prix de l'électricité en France. Grâce à un hiver et un printemps doux, la consommation des Français a diminué de 5 à 10 % au cours du premier semestre de 2024, ce qui a permis aux prix de l'électricité de retrouver leurs niveaux d’avant la crise sanitaire et énergétique, avec une moyenne de 46 €/MWh. Cette situation a non seulement profité aux consommateurs français, mais elle a aussi renforcé le rôle de la France en tant que leader dans les exportations d'électricité en Europe. Au cours de cette période, la France a exporté 42 TWh d'électricité, un volume record, qui s'approche de la consommation annuelle du Portugal.
Néanmoins, ces bonnes nouvelles sont à double tranchant. Comme l'a averti Jacques Percebois, professeur émérite à l’Université de Montpellier, sur Europe 1, cette hausse de la production d'électricité en France nécessite des investissements pour renforcer le réseau électrique national, ainsi que les infrastructures permettant d'exporter le surplus de production vers les pays voisins. Combien ? Pas moins de 100 milliards d'euros d'ici à 2040 selon le gestionnaire de Transport d’Électricité (RTE). Qui paiera la facture ? Sans aucun doute, les Français. Selon les prévisions de Jacques Percebois auprès de Europe 1, ces aménagements pourraient en effet se traduire par une hausse prochaine du Tarif d'Utilisation du Réseau Public d'Électricité (TURPE), qui représente 90% des revenus d'Enedis, chargé de l'entretien dudit réseau, et déjà 30% de la facture des consommateurs. En avril 2024, le RTE alertait déjà sur la nécessité de multiplier par trois le TUPRE d'ici à 2028 pour que le réseau électrique français puisse bénéficier d'un financement de 6 milliards d'euros annuels. Les promesses de Bruno Le Maire durant les élections législatives de 2024, qui étaient de baisser de 10 à 15 % le prix de l'électricité d'ici au 1ᵉʳ février 2025, apparaissent tout d'un coup bien avoir été faites sous le feu de clientélisme.